Religion

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Symboles des principales religions

Les religions sont des systèmes de croyances jouant un rôle plus ou moins important en politique selon leur poids social.

1 Considérations théoriques

1.1 Généralités

1.1.1 La religion comme idéologie, comme illusion idéaliste

Pour le socialisme scientifique, d'essence matérialiste, le phénomène religieux est une aliénation et parfois une idéologie dont se parent certains mouvements.

En premier lieu c'est une contrainte socialement imposée ou auto-imposée qui pose toute une série d'interdits et de prescriptions irrationnelles, qui nuisent le plus souvent au libre épanouissement de l'individu et de la société.

Ensuite concernant les religions dominantes (religions d'État notamment), c'est un pouvoir autoritaire spécial octroyé à un clergé qui constitue une aile de la classe dirigeante. Ce pouvoir s'autojustifie par une soi-disant connaissance privilégiée et un rapport plus intime que le simple croyant (a fortiori que l'impie) avec le divin.

Plus fondamentalement, c'est une illusion idéaliste qui consiste pour l'homme à inverser la réalité du monde et à voir son créateur dans l'abstraction, alors que toute abstraction naît d'abord d'un terreau matériel. « L'homme fait la religion, ce n'est pas la religion qui fait l'homme. »[1]

1.1.2 La religion : réactionnaire, progressiste, et/ou révolutionnaire

Cette illusion joue le plus souvent un rôle clé dans des sociétés marquées par la domination. Elle a un versant réactionnaire : apaiser les esprits vaincus, les convaincre de la délivrance prochaine dans l'au-delà, et surtout, qu'ils n'ont pas de pouvoir et surtout pas de légitimité pour agir dans la transformation sociale. Mais elle exprime parfois aussi des mouvements protestataires (diggers, quakers, théologie de la libération...)[2]. Le marxisme, en permettant de comprendre cette double nature (réactionnaire ou protestataire de la religion), est de ce point de vue en rupture avec une vision linéaire de l'histoire héritée des Lumières. Dans une société donnée, la religion n'est pas toujours du côté de la réaction et le matérialisme du côté du progrès ; ainsi, Engels parle en ces termes du rôle révolutionnaire joué par le protestantisme en Angleterre au 17e siècle, contre le matérialisme hobbesien :

« Avec Hobbes, le matérialisme apparut sur la scène, comme défenseur de l’omnipotence et des prérogatives royales ; il faisait appel à la monarchie absolue pour maintenir sous le joug cepuer robustus sed malitiosus [enfant vigoureux mais fourbe] qu’était le peuple. Il en fut de même avec les successeurs de Hobbes, avec Bolingbroke, Shaftesbury, etc ; la nouvelle forme déiste ou matérialiste demeura, comme par le passé, une doctrine aristocratique, ésotérique et par consequent odieuse à la bourgeoisie... Par conséquent, en opposition à ce matérialisme et à ce déisme aristocratiques, les sectes protestantes qui avaient fourni son drapeau et ses combattants à la guerre contre les Stuarts, continuèrent à constituer la force principale de la classe moyenne progressive... »[3]

Engels pensait que la révolution anglaise du 17e siècle était la dernière dans laquelle la religion aurait un rôle déterminant à jouer. La Révolution française, contrairement à sa cousine anglaise, « rejeta totalement l'accoutrement religieux et livra toutes les batailles sur le terrain politique »[4] : désormais, la religion semble condamnée à ne plus pouvoir jouer qu'un rôle réactionnaire. On s'explique ainsi la perplexité de Marx et d'Engels face à la persistance des références au christianisme primitif dans les premiers courants communistes du 19e siècle, notamment français et allemands (derrière Wilhelm Weitling). Engels affirme se sentir plus proche des socialistes anglais, les "owenistes", qui luttent contre les préjugés religieux. Les divergences sur la question religieuse entre Marx et Engels d'une part, les communistes français d'autre part, vont empêcher en 1844 la création d'une revue commune (les Annales franco-allemandes). Trente ans plus tard, Engels constatera avec satisfaction que le mouvement socialiste est devenu non-religieux, terme qui lui semble plus approprié que celui d'athéisme, car :

« Ce terme purement négatif ne s’applique plus à eux, car ils ne sont plus en opposition théorique, mais seulement pratique avec la croyance en Dieu ; il en ont tout simplement fini avec Dieu, ils vivent et pensent dans le monde réel et sont donc matérialistes. »[5]

1.2 Genèse de la pensée marxiste de la religion

1.2.1 Chez Marx

On cite souvent une phrase de Marx comme étant la quintessance de sa pensée en matière de religion :

« La misère religieuse est, d'une part, l'expression de la misère réelle, et, d'autre part, la protestation contre la misère réelle. La religion est le soupir de la créature accablée par le malheur, l'âme d'un monde sans cœur, de même qu'elle est l'esprit d'une époque sans esprit. C'est l'opium du peuple. »[1]

Cependant, il est insuffisant d'en rester là, car :

1. Cette métaphore n'est pas propre à Marx : on la trouve chez nombre d'auteurs, y compris Kant ou Feuerbach. Heinrich Heine écrit en 1840 :

« Bénie soit une religion, qui verse dans l'amer calice de l'humanité souffrante quelques douces et soporifiques gouttes d'opium spirituel, quelques gouttes d'amour, foi et espérance. »

Et en 1843, Moses Hess écrit :

« La religion peut rendre supportable [...] la conscience malheureuse de la servitude [...] de la même façon que l'opium est d'une grande aide dans les maladies douloureuses. »[6]

2. Cette phrase apparaît, chez Marx, dans la Contribution à la critique de la philosophie du droit de Hegel, un article de 1844, époque à laquelle il est encore néo-hégélien : Marx voit la religion comme une aliénation de l'essence humaine, selon une analyse assez anhistorique qui ne fait pas appel aux classes sociales. En 1846, dans L'idéologie allemande, il engage pour la première fois une étude proprement marxiste de la religion comme fait social, et en particulier comme l'une des multiples formes de l'idéologie.

A ce titre, la critique marxiste de la religion en fait quelque chose qui peut s'expliquer à partir des rapports sociaux, avec lesquels elle forme une totalité :

« Il est clair que tout bouleversement historique des conditions sociales entraîne en même temps le bouleversement des conceptions et des représentations des hommes et donc de leurs représentations religieuses. »[7]

Pour combattre les superstitions religieuses, il s'agit d'abord et avant tout de combattre les causes qui les font naître. C'est ce qui a amené le jeune Marx a élargir la critique de la religion, alors cheval de bataille des jeunes-hégéliens, à la critique politique.

« Le véritable bonheur du peuple exige que la religion soit supprimée en tant que bonheur illusoire du peuple. Exiger qu'il soit renoncé aux illusions concernant notre propre situation, c'est exiger qu'il soit renoncé a une situation qui a besoin d'illusions. La critique de la religion est donc, en germe, la critique de cette vallée de larmes, dont la religion est l'auréole. [...] La critique de la religion désillusionne l'homme, pour qu'il pense, agisse, forme sa réalité comme un homme désillusionné, devenu raisonnable, pour qu'il se meuve autour de lui et par suite autour de son véritable soleil. La religion n'est que le soleil illusoire qui se meut autour de l'homme, tant qu'il ne se meut pas autour de lui-même. »[1]

1.2.2 Chez Engels

Peut-être à cause de son éducation piétiste, Engels a accordé au phénomène religieux beaucoup plus d'attention que Marx lui-même.

En bon matérialiste, il analyse dès 1850 dans son ouvrage La Guerre des paysans, les religions et les postures religieuses comme des idéologies liées à des classes sociales. Ainsi, en étudiant la naissance du protestantisme en Allemagne au début du 16e siècle, il repère trois camps en présence, chacun étant identifié à la fois par une certaine base sociale et par une idéologie religieuse propre. Ainsi, cette crise religieuse met aux prises :

  • un camp conservateur catholique, qui rassemble les prélats, les grands nobles et une bonne partie des princes de l'Empire germanique ;
  • un camp luthérien, bourgeois modéré, qui rassemble la bourgeoisie urbaine et la petite noblesse ;
  • un camp révolutionnaire, protestant et millénariste sur un plan religieux, plébéien et paysan d'un point de vue social.

Cependant, pour éclairantes que soient de telles analyses, Engels ne résiste pas toujours à la tentation du réductionnisme, et réduit souvent les diverses croyances à de simples déguisements d'intérêts religieux. Il prétend ainsi que Thomas Münzer, chef des paysans révolutionnaires allemands, dissimulait ses convictions révolutionnaires sous une phraséologie chrétienne qui parlait plus à la masse des paysans. La dimension spécifiquement religieuse et mystique du millénarisme münzérien semble lui avoir échappé.

De même, certaines analyses d'Engels sur le calvinisme semblent reprendre l'idée que la religion constitue un simple masque occultant la véritable nature d'une idéologie de nature politique. Ainsi, Engels écrit que dans la révolution anglaise du XVIIe siècle, "le calvinisme s'avère être le véritable déguisement religieux des intérêts de la bourgeoisie de l'époque[8]."

Engels a une approche dialectique de la religion, attentive aux deux aspects et au deux rôles, conservateur et protestataire, de la religion, mais en mettant souvent l'accent sur le second aspect. Ainsi, il met en lumière sa dimension anticipatrice et utopique de l'idéologie religieuse de Münzer :

« Sa doctrine politique correspondait exactement à cette conception religieuse révolutionnaire et dépassait tout autant les rapports sociaux et politiques existants que sa théologie dépassait les conceptions religieuses de l’époque. [...] Ce programme, qui était moins la synthèse des revendications des plébéiens de l’époque, qu’une anticipation géniale des conditions d’émancipation des éléments prolétariens en germe parmi ces plébéiens, exigeait l’instauration immédiate sur terre du Royaume de Dieu, du royaume millénaire des prophètes, par le retour de l’Eglise à son origine et par la suppression de toutes les institutions en contradiction avec cette Eglise, prétendument primitive, mais en réalité, toute nouvelle. Pour Munzer, le royaume de Dieu n’était pas autre chose qu’une société où il n’y aurait plus aucune différence de classes, aucune propriété privé, au aucun pouvoir d’Etat étranger, autonome, s’opposant aux membres de la société. »[9]

On est là très loin d'une théorie de la religion comme reflet de la société : elle n'est pas l'expression des conditions existantes, mais une anticipation géniale des théories communistes de l'avenir.

2 Cas concrets

2.1 Christianisme primitif

Le christianisme primitif est né dans un contexte très différent du nôtre, que Friedrich Engels a essayé d'étudier dans son ouvrage Contributions à l'Histoire du Christianisme primitif[2]

Avant cela, il avait écrit, en 1882, un texte intitulé "Bruno Bauer et le christianisme primitif", où il suggérait que la religion chrétienne naissante avait recruté ses premiers adeptes parmi les esclaves romains. En remplaçant les différentes religions païennes locales détruites par l'Empire, le christianisme a été la première religion universelle possible.

En 1894-1895, dans Contributions à l'Histoire du Christianisme primitif, Engels formule une analyse sociologique plus nuancée des premiers chrétiens : Engels y  écrit que le christianisme primitif recrute non seulement parmi les esclaves, mais aussi parmi les hommes libres déchus des villes, les affranchis et les petits paysans criblés de dettes. Comme il n'existait pas de voie d'émancipation commune pour des gens si divers, seule la religion a pu leur offrir un rêve commun, un espoir commun.

L'intérêt d'Engels pour le christianisme primitif vient aussi de deux facteurs politiques contemporains :

1. La mémoire du christianisme primitif reste présente dans les mouvements révolutionnaires, des hérésies médiévales aux premiers mouvements communistes allemands (Wilhelm Weitling), en passant par la guerre des paysans du XVIe s.

2. Engels constate un parallélisme structurel entre christianisme primitif et mouvements socialistes contemporains : dans les deux cas il s'agit de mouvements de masses opprimées, qui proposent une libération imminente de l'esclavage et de la détresse. La différence essentielle tient à ce que les socialistes se battent pour une libération immanente, dans le monde et dans la vie, alors que les premiers chrétiens envisagent la délivrance dans l'au-delà. Mais même cette différence n'est pas toujours aussi tranchée qu'il y paraît : Thomas Münzer, le grand dirigeant de la guerre des paysans allemands du 16e s., voulait faire advenir le royaume de Dieu sur terre.

2.2 L'essor du protestantisme

🔍 Voir : Réforme protestante.

Le protestantisme est une religion chrétienne apparue en Allemagne au XVIe siècle, à la suite d'un schisme avec l'Eglise catholique. Son développement est concomittant de celui du capitalisme, et l'analyse des rapports entre ce mode de production et cette religion a fait l'objet de commentaires de la part d'auteurs marxistes, à commencer par Marx lui-même, mais aussi d'auteurs non marxistes, comme Max Weber

2.3 Anticléricalisme

🔍 Voir : Anticléricalisme.

Du temps de l'Ancien Régime, lorsque la chrétienté était clairement l'idéologie de la classe noble, la bourgeoisie avait une action progressiste en repoussant l'obscurantisme, même si l'opposition à l'Eglise, puissante, se faisait prudente. C'est pendant la Révolution française et surtout en 1793 avec le fort mouvement populaire de la Commune, qu'éclate la première grande vague d'anticléricalisme.

L'attitude de la bourgeoisie face à la religion, encore ancrée dans les masses et formidable instrument de domination, s'est faite plus variable et ambigüe par la suite. C'est pourquoi l'anticléricalisme est longtemps resté une question de positionnement épineuse pour les socialistes.

2.4 Les missionnaires chrétiens en Chine

L'arrivée de missionnaires chrétiens européens en Chine est bien sûr corrélée au processus de semi-colonisation du pays. Elle constitue un pendant idéologique de cette pénétration impérialiste.

Cependant, cela a parfois eu des effets imprévus. Par exemple, la traduction de la bible en chinois par le missionnaire Karl Gützlaff a été reprise par Hong Xiuquan, qui a dirigé la révolte des Taiping, mouvement ésotérique mais progressiste. Les idées d'égalité présentes dans la bible se sont retournées contre l'objectif de soumission initial. Marx avait bien pris note de ces faits.[10]

2.5 Le christiannisme contemporain

Comme toute religion, le christiannisme est divisé en différents courants.

La religion catholique n'avait pas la même signification et la même portée, durant les années 1960-1970, pour les travailleurs d’Irlande du nord et pour les dignitaires du régime de Franco.

« Le baptisme d’un Noir est quelque chose de totalement différent du baptisme d’un Rockfeller. Ce sont deux religions différentes. » (Trotsky)[11]

2.6 Les mouvements islamiques

Les courants se revendiquant plus ou moins de l'islam sont issus d'un contexte historique donné. On peut distinguer notamment :

  • Les théocraties (l'Iran issu de la révolution de 1979) : le conservatisme des classes possédantes fusionnées avec le haut clergé s'expriment dans l'islamisme.
  • Les mouvements réactionnaires, principalement dans la période 1950-1970 contre les nationalistes arabes plus aux discours ou moins socialistes (Nasser, Ben Bella...).
  • Les mouvements s'appuyant sur des causes progressistes comme la résistance à un envahisseur (Liban, Afghanistan, Irak, Palestine...) ou à une oppression ethnique (les mouvements se nourrissant de la situation des immigrés en Occident). Lorsque les forces de gauche font défaut, il peut être nécessaire de former un front unique avec ces mouvements, à certaines conditions. Au Royaume-Uni, le rapprochement entre le SWP et le MAB est par exemple très controversé.

De manière générale, la tâche des marxistes doit être de s'opposer à son propre impérialisme ou à sa théocratie. Pour un marxiste d'Iran, renverser la "République islamiste" est la priorité. Pour un marxiste français ou états-unien, empêcher une agression US y compris sur des prétextes de lutte contre l'intégrisme est la priorité. Lorsque la bourgeoisie réactionnaire utilise les préjugés racistes pour diviser les exploités "nationaux" et immigrés, la dénonciation de cette stigmatisation (loi sur le voile, loi sur la burqa...) doit être implacable et passer avant l'attaque des supersitions des populations immigrées. Il est important de s'attacher à déceler les positions de classe derrière les phénomènes religieux. Il est évident qu'en France par exemple, l'islam est majoritairement implanté dans la frange immigrée de la classe ouvrière, et que les ultra-catholiques représentent une fraction de la bourgeoisie réactionnaire.

3 Le mouvement ouvrier et la religion

Les leaders du mouvement ouvrier ont en majorité été des athées. Il existe toute une tendance à la lutte frontale contre la religion. De nombreux socialistes, et en particulier des marxistes, ont combattu cette tendance pour plusieurs raisons.

Malgré l'importance de l'athéisme dans la formation de la pensée matéraliste de Marx, celui-ci n'a pas cherché à imposer comme une condition pour l'adhésion à l'Association internationale des travailleurs (Première internationale). Il est à noter que Bakounine également s'accordait sur le fait qu’il ne saurait être question d’ériger l’athéisme en « principe obligatoire » dans l'AIT, bien que celui-ci constitue le « point de départ […] négatif » de toute « philosophie sérieuse ».

Face à des blanquistes qui voulaient « abolir la religion », Engels prévenait que « les persécutions sont le meilleur moyen d'affermir des convictions indésirables ! »[12]

Les social-démocrates russes, qui militaient dans un pays où l'immense majorité des classes populaires croyaient au christianisme orthodoxe, se sont beaucoup intéressés à la religion, notamment Lénine.[13][14] Lors du 2e congrès du POSDR (1903), Lénine suggéra (avec l'aide de Bontch-Brouïevitch) la publication d’un périodique spécial pour s'adresser aux sectes religieuses (qui comptaient plus de 10 millions de membres à l’époque en Russie).[15] Par conséquent un journal appelé Rassvet (L’aube) fut lancé. Le premier numéro parut en janvier 1904, et continua à paraître – 9 numéros en tout – jusqu’en septembre de la même année. Le travail dans les sectes religieuses était d’une grande valeur pour les socialistes. Il suffit de lire l’autobiographie de Trotsky pour voir comment les quartiers ouvriers où foisonnaient les sectes religieuses s’opposaient à l’église orthodoxe.

Lénine avertissait en 1905 : « en aucun cas nous ne devons nous fourvoyer dans les abstractions idéalistes de ceux qui posent le problème religieux en termes de "raison pure", en dehors de la lutte de classe, comme font souvent les démocrates radicaux issus de la bourgeoisie »[16], concluant que . Il dit encore en 1909 que « la propagande athée de la social­-démocratie doit être subordonnée à sa tâche fondamentale, à savoir : au développement de la lutte de classe des masses exploitées contre les exploiteurs. »[17] Ce qu'il exprimait aussi en disant que « l'unité de cette lutte réellement révolutionnaire de la classe opprimée combattant pour se créer un paradis sur la terre nous importe plus que l'unité d'opinion des prolétaires sur le paradis du ciel ».[16]

Il se montre ouvert lorsque le pope Gapone se fait remarquer après le Dimanche rouge (1905) en exprimant la radicalisation de certains secteurs (il avait organisé une manifestation pacifique pour adresser une pétition respectueuse au « père », le Tsar, et suite à la terrible répression il s'écrie « Il n'y a plus de tsar ! »). Lénine dit qu'il est possible que Gapone soit un « socialiste chrétien sincère », et rapelle : « On ne peut douter qu'il y a un mouvement libéral et réformateur parmi certains secteurs de jeunes du clergé russe. »[18]

Lénine s'est battu contre ces tendances à la critique « sans tact »[19] du sentiment religieux des masses, qui pouvaient exister dans la social-démocratie. La politique bolchévique au lendemain de la Révolution d'Octobre était d'instaurer la laïcité, et non un athéïsme d'Etat (comme le fera Staline). Après la mort de Lénine, de nombreuses églises ont été détruites par le régime (par exemple à Oulianovsk[20]).

Les bolchéviks ont aussi porté une attention particulière aux religions minoritaires de l'ancien Empire russe, en particulier l'Islam.

Trotsky écrit également sur la propagande anti-religieuse en 1925 en Russie soviétique, en soulignant les limites des attaques directes.[21]

Au début du 21e siècle, l'islamophobie est un sujet majeur qui divise l'extrême gauche.[22][23]

4 Notes et sources

4.1 Notes

  1. 1,0 1,1 et 1,2 Karl Marx, Contribution à la critique de La philosophie du droit de Hegel, Introduction, 1843
  2. 2,0 et 2,1 Michael Löwy, Opium du peuple ? Marxisme critique et religion, Contretemps.eu, 7 février 2010
  3. Friedrich Engels, Introduction à l'édition anglaise de Socialisme utopique et socialisme scientifique, in K. Marx, F. Engels Sur la religion, op. cit., p. 297-298.
  4. Ibid., p. 298.
  5. Friedrich Engels,
  6. Cité par Michaël Löwy,
  7. Karl Marx, Friedrich Engels,
  8. Friedrich Engels, Ludwig Feuerbach et la fin de la philosophie classique allemande, in K. Marx, F. Engels, Sur la religion, Paris, Editions sociales, 1960, p. 259.
  9. Karl Marx, Friedrich Engels, Sur la religion, Paris, Editions sociales, 1960, p. 114.
  10. David Riazanov, Karl Marx on China, février 1926
  11. Trotsky, La question noire aux États-Unis, 1933
  12. Friedrich Engels Le programme des émigrés blanquistes de la Commune, 1873
  13. Lénine, De l’attitude du parti ouvrier à l’égard de la religion, 13 mai 1909
  14. Lénine, L’attitude des classes et des partis à l’égard de la religion et de l’Église, 4 juin 1909
  15. Lénine, Draft Resolution on the Publication of a Periodical for Members of Religious Sects, 1903
  16. 16,0 et 16,1 Lénine, Socialisme et religion, 1905
  17. Lénine, De l’attitude du parti ouvrier à l’égard de la religion, 1909
  18. Lénine, Father Gapon, Vpériod n°4, 31 janvier 1905 (8 janvier a.s)
  19. Lénine, Télégramme à V. M. Molotov, 1921
  20. https://fr.wikipedia.org/wiki/Oulianovsk
  21. Trotsky, Sens et méthodes de la propagande anti-religieuse, 1925
  22. Lutte ouvrière, Le piège de la « lutte contre l’islamophobie », février 2017
  23. NPA, Combat contre l’islamophobie : quand Lutte Ouvrière inverse la hiérarchie des normes, février 2017

4.2 Sources