Révolte des Ciompi

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La révolte des Ciompi de 1378 est une révolte des ouvriers de l'industrie textile dans la Florence de la Renaissance. La révolte porta brièvement au pouvoir un niveau de démocratie sans précédent européen dans la Florence du 14e siècle.

1 Historique

1.1 Les Ciompi

A la Renaissance, les manufactures de textile étaient le secteur économique à l'origine de la prospérité de la République de Florence, l’Arte della Lana (« l’art de la laine »). Les travailleurs vivaient cependant dans des conditions très inégales, certains étant organisés dans de puissances guildes / corporations de métiers (« les arts », Arti en italien), d'autres, le petit peuple (popolo minuto), travaillant sans cette représentation.

Tout en bas de cette hiérarchie sociale, un proto prolétariat existait, les « ciompi ». Parmi eux, une conscience de classe embryonnaire était présente, avec un fort ressentiment à l’égard du pouvoir en place qui s'enrichissait de leur travail.

1.2 La révolte de 1378

Le déclencheur fut en ensemble de tensions entre riches, au sein du popolo grasso. A la fin du mois de juin de 1378, certains riches cherchent à s'appuyer sur des membres des classes populaires, engendrant une mobilisation qui va vite les dépasser.

A partir de juillet, Ils présentèrent une série de pétitions au corps gouvernant, la Signoria, réclamant une fiscalité plus équitable et le précieux droit de constitution des arts pour ces groupes qui n’en avaient pas encore.

C’est ainsi que le 22 juillet, la couche la plus défavorisée s’imposa au gouvernement, en plaçant le cardeur de laine Michele di Lando, en tant que Gonfalonier de Justice, et exhibant leur bannière (symbole d’existence politique) au Palazzo della Signoria. Ils étendirent les privilèges des arts aux Ciompi, et pour la première fois, un gouvernement européen représenta toutes les classes de la société.

Les révolutionnaires furent d'abord soutenus par les membres radicaux des arti minori, les arts traditionnellement sans pouvoir. Mais en quelques semaines, les conflits d’intérêts entre les arti minori et les Ciompi devinrent évidents, et le gouvernement ne satisfaisait pas les revendications des ciompi.

1.3 La réaction

Les conservateurs reprennent l'avantage quand les arts majeurs et mineurs s’unissent pour rétablir l’ordre antérieur. Une contre-révolution s'amorce, au sein de laquelle le chevalier Salvestro de' Medicis joua un rôle essentiel de répression.

Le 31 août, un grand groupe de Ciompi s’étant réuni sur la Piazza della Signoria fut facilement dispersé par les arts majeurs et mineurs unis pour l’occasion.

En réaction à cet épisode révolutionnaire, le tout nouvel art des Ciompi fut aboli et pendant 4 ans, la domination des arts les plus puissants fut rétablie.

1.4 Conséquences

La révolte de 1378 resta un souvenir traumatisant pour les membres des arts les plus puissants, qui apportèrent longtemps leur soutien aux Médicis en tant que garants de l'ordre social florentin.

Après l'annulation de leur participation en 1382, l'art des Ciompi s'allie alors aux Albizzi qui dominèrent la vie politique florentine jusque 1434, date du retour de Cosme l'ancien et des Médicis, qui entraîne le départ des Albizzi et de leurs alliés, la famille Peruzzi, les Barbadori et les Strozzi.

2 Historiographie

L’Histoire de Florence de Machiavel représente la révolte avec une série de débats imaginés et des discours rapportant les positions des protagonistes, selon le point de vue de ce champion de la stabilité de l’État. Ces événements furent vus par l’Église et les classes dominantes comme un phénomène de retour à l’ordre naturel de Dieu.

Après la Grande Peste, au cours de la seconde moitié du 14e siècle, des événements similaires chamboulèrent grandement l’Europe politique : les classes les plus opprimées luttèrent pour des conditions plus justes.

En milieu rural, les vallées françaises du Haut-Dauphiné et du Piémont italien obtiennent la signature de la charte du Grand Escarton, qui leur donnent des droits et réduit le poids des prélèvements fiscaux pour les paysans.

3 Voir aussi

3.1 Bibliographie

  • Nicolas Machiavel et Simone Weil, La Révolte des Ciompi - Un soulèvement prolétarien à Florence au XIVe siècle, Livre III des Histoires florentines de Machiavel, traduction de Guiraudet, revue par Laura Brignon, précédé d'une introduction de Simone Weil (La Critique Sociale, n° 11, mars 1934), postface d'Emmanuel Barot : «1378 ou l'émergence de la question moderne du sujet révolutionnaire», Toulouse, CMDE - Smolny, 2013.
  • Nicolas Machiavel, Florence insurgée - La révolte des Ciompi, Éditions L'Esprit frappeur, 1998, (ISBN 2-84405-057-3).
  • Samuel Kline Cohn, Lust for liberty: the politics of social revolt in medieval Europe, 1200 – 1425 ; Italy, France, and Flanders, Harvard University Press, Cambridge, 2006.
  • Michel Mollat et Philippe Wolff, Ongles bleus, jacques et ciompi - les révolutions populaires en Europe aux XIVe et XVe siècles, Calmann-Lévy, 1970, in 8°, 223 pages.
  • Alessandro Stella, La révolte des Ciompi. Les hommes, les lieux, le travail, Paris, EHESS, 1993.
  • Un soulèvement prolétarien à Florence au XIVe siècle, introduction de Simone Weil à un texte de Machiavel, in Écrits historiques et politiques, Gallimard, Paris, 1960.

3.2 Lien externe