Différences entre les versions de « Presse ouvrière »

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Mais la presse n’a pas été qu’un moyen de populariser les idées révolutionnaires. Les idées signifient rien si elles ne conduisent pas à l’organisation et à l’action des masses.
 
Mais la presse n’a pas été qu’un moyen de populariser les idées révolutionnaires. Les idées signifient rien si elles ne conduisent pas à l’organisation et à l’action des masses.
 
<blockquote>''«&nbsp;Les philosophes n’ont fait qu’interpréter diversement le monde&nbsp;; mais ce qui importe, c’est de le transformer.&nbsp;»'' <ref>Karl Marx, ''[https://www.marxists.org/francais/marx/works/1845/00/kmfe18450001.htm 11e thèse sur Feuerbach]'', 1845</ref></blockquote>  
 
<blockquote>''«&nbsp;Les philosophes n’ont fait qu’interpréter diversement le monde&nbsp;; mais ce qui importe, c’est de le transformer.&nbsp;»'' <ref>Karl Marx, ''[https://www.marxists.org/francais/marx/works/1845/00/kmfe18450001.htm 11e thèse sur Feuerbach]'', 1845</ref></blockquote>  
C’est pourquoi les plus grands révolutionnaires, comme [[Lénine|Lénine]] en Russie, ont conçu le journal pas simplement comme l’organe d’un courant politique – un moyen de faire passer des idées – mais comme un organisateur qui se met au service du mouvement au sens le plus large.
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C’est pourquoi les plus grands révolutionnaires, comme [[Lénine|Lénine]] en Russie, ont conçu le journal pas simplement comme l’organe d’un courant politique – un moyen de faire passer des idées – mais comme un organisateur qui se met au service du mouvement au sens le plus large. La fonction de la presse ouvrière occupait l’attention de Lénine bien avant la création du [[POSDR|POSDR]]. Il consacra plusieurs années de sa vie à étudier sa pertinence et son insertion dans la classe ouvrière émergente. Le journal devait tenir un langage clair mais qui permettait, à son tour, d’élever la [[Conscience_politique|conscience politique]] des travailleurs. Lénine tenait aussi particulièrement à ce que le journal paraisse régulièrement pour devenir un point de repère.
  
 
Même pendant les années noires de l’exil, quand les révolutionnaires marxistes étaient presque coupés de tout contact avec les travailleurs en Russie, et de ce fait passaient l’essentiel de leur temps à discuter entre eux, et à se diviser, Lénine insistait sur la nécessité de sortir régulièrement un journal et de le faire passer en Russie, malgré toutes les difficultés pratiques et politiques. C’était le seul moyen de lier les petits groupes de travailleurs combatifs et étudiants radicalisés entre eux, et pour la direction du parti en exil, de former une opinion sur l’état des mouvements d’opposition au régime tsariste et l’évolution de la conscience ouvrière.
 
Même pendant les années noires de l’exil, quand les révolutionnaires marxistes étaient presque coupés de tout contact avec les travailleurs en Russie, et de ce fait passaient l’essentiel de leur temps à discuter entre eux, et à se diviser, Lénine insistait sur la nécessité de sortir régulièrement un journal et de le faire passer en Russie, malgré toutes les difficultés pratiques et politiques. C’était le seul moyen de lier les petits groupes de travailleurs combatifs et étudiants radicalisés entre eux, et pour la direction du parti en exil, de former une opinion sur l’état des mouvements d’opposition au régime tsariste et l’évolution de la conscience ouvrière.
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== Un journal au service des travailleurs ==
 
== Un journal au service des travailleurs ==
  
Le journal des bolcheviques, ''Iskra'' (''L’Etincelle'') puis ''[[Pravda|Pravda]]'' (''La Vérité''), publiait des dizaines d’échos des luttes ou des problèmes rencontrés par les travailleurs dans leur vie quotidienne dans chaque numéro. Ces articles furent en grande partie écrits par les intéressés eux-mêmes. Ce fut ''«&nbsp;leur&nbsp;»'' journal autant que celui du parti ou de ses dirigeants.
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Un journal ouvrier doit publier des échos des luttes ou des problèmes rencontrés par les travailleurs dans leur vie quotidienne dans chaque numéro. C'est une des tâches des journaux auxquels participait [[Lénine|Lénine]]&nbsp;: l'[[Iskra|''Iskra'']] (''L’Etincelle''), [[Vperiod|''Vperiod'']], le [[Proletarii|''Proletarii'']], puis la ''[[Pravda|Pravda]]'' (''La Vérité''). Ces échos étaient en grande partie écrits par les intéressés eux-mêmes. Ce fut ''«&nbsp;leur&nbsp;»'' journal autant que celui du parti ou de ses dirigeants. Au cours de son second exil (1907-1917), Lénine fondera aussi d’autres journaux comme ''Le Social-démocrate'' ou la revue ''Le Communiste''.
  
 
Nous pourrions citer d’autres exemples plus proches de nous. Le [[Parti_Communiste_Français|Parti Communiste Français]] a longtemps été associé principalement avec son journal, ''L’Humanité'', et sa vente sur les marchés et devant les portes des usines a été l’activité publique la plus connue de ses militants. Les révolutionnaires internationalistes ([[Trotskiste|trotskistes]]) ont pu pendant cette période se maintenir en existence en tant que courant politique en publiant des journaux et des revues malgré tous les dangers auxquels ils étaient confrontés.
 
Nous pourrions citer d’autres exemples plus proches de nous. Le [[Parti_Communiste_Français|Parti Communiste Français]] a longtemps été associé principalement avec son journal, ''L’Humanité'', et sa vente sur les marchés et devant les portes des usines a été l’activité publique la plus connue de ses militants. Les révolutionnaires internationalistes ([[Trotskiste|trotskistes]]) ont pu pendant cette période se maintenir en existence en tant que courant politique en publiant des journaux et des revues malgré tous les dangers auxquels ils étaient confrontés.
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Pourtant, même dans une situation où nos idées sont à contre-courant (ce qui est le cas aujourd’hui), la presse militante, malgré les défauts et le faible tirage des journaux existants, joue un rôle non-négligeable.
  
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Lors d’une [[Grève|grève]], de la fermeture d’une usine ou d’un mouvement comme celui des sans-papiers, la publication d’un article, surtout s’il s’appuie sur des faits réels et sur des entretiens avec les participants, permet aux lecteurs dispersés dans tout le pays de connaître les revendications et les motifs de la lutte. Ce public va à son tour influencer d’autres personnes qui ne sont pas des lecteurs réguliers, et ainsi de suite.
 
Lors d’une [[Grève|grève]], de la fermeture d’une usine ou d’un mouvement comme celui des sans-papiers, la publication d’un article, surtout s’il s’appuie sur des faits réels et sur des entretiens avec les participants, permet aux lecteurs dispersés dans tout le pays de connaître les revendications et les motifs de la lutte. Ce public va à son tour influencer d’autres personnes qui ne sont pas des lecteurs réguliers, et ainsi de suite.
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Version du 21 juin 2017 à 14:00

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Un journal ouvrier est une publication périodique qui assure la liaison entre les militants et les sympathisants.

1 A quoi sert un journal ouvrier ?

Dans l’histoire du mouvement ouvrier, le journal a toujours joué un rôle de première importance. Vendu à la criée, passé de main en main, lu et commenté par de petits groupes de travailleurs ou d’étudiants parfois dans des conditions difficiles (censure, répression...), le journal a souvent été l’élément essentiel dans la formation de la conscience politique et la création de liens entre des militants et sympathisants dispersés.

Mais la presse n’a pas été qu’un moyen de populariser les idées révolutionnaires. Les idées signifient rien si elles ne conduisent pas à l’organisation et à l’action des masses.

« Les philosophes n’ont fait qu’interpréter diversement le monde ; mais ce qui importe, c’est de le transformer. » [1]

C’est pourquoi les plus grands révolutionnaires, comme Lénine en Russie, ont conçu le journal pas simplement comme l’organe d’un courant politique – un moyen de faire passer des idées – mais comme un organisateur qui se met au service du mouvement au sens le plus large. La fonction de la presse ouvrière occupait l’attention de Lénine bien avant la création du POSDR. Il consacra plusieurs années de sa vie à étudier sa pertinence et son insertion dans la classe ouvrière émergente. Le journal devait tenir un langage clair mais qui permettait, à son tour, d’élever la conscience politique des travailleurs. Lénine tenait aussi particulièrement à ce que le journal paraisse régulièrement pour devenir un point de repère.

Même pendant les années noires de l’exil, quand les révolutionnaires marxistes étaient presque coupés de tout contact avec les travailleurs en Russie, et de ce fait passaient l’essentiel de leur temps à discuter entre eux, et à se diviser, Lénine insistait sur la nécessité de sortir régulièrement un journal et de le faire passer en Russie, malgré toutes les difficultés pratiques et politiques. C’était le seul moyen de lier les petits groupes de travailleurs combatifs et étudiants radicalisés entre eux, et pour la direction du parti en exil, de former une opinion sur l’état des mouvements d’opposition au régime tsariste et l’évolution de la conscience ouvrière.

2 Un journal au service des travailleurs

Un journal ouvrier doit publier des échos des luttes ou des problèmes rencontrés par les travailleurs dans leur vie quotidienne dans chaque numéro. C'est une des tâches des journaux auxquels participait Lénine : l'Iskra (L’Etincelle), Vperiod, le Proletarii, puis la Pravda (La Vérité). Ces échos étaient en grande partie écrits par les intéressés eux-mêmes. Ce fut « leur » journal autant que celui du parti ou de ses dirigeants. Au cours de son second exil (1907-1917), Lénine fondera aussi d’autres journaux comme Le Social-démocrate ou la revue Le Communiste.

Nous pourrions citer d’autres exemples plus proches de nous. Le Parti Communiste Français a longtemps été associé principalement avec son journal, L’Humanité, et sa vente sur les marchés et devant les portes des usines a été l’activité publique la plus connue de ses militants. Les révolutionnaires internationalistes (trotskistes) ont pu pendant cette période se maintenir en existence en tant que courant politique en publiant des journaux et des revues malgré tous les dangers auxquels ils étaient confrontés.

Aujourd’hui les deux principales organisations d’extrême gauche, LO et la NPA, sont connues pour leurs hebdomadaires, respectivement Lutte Ouvrière et L'Anticapitaliste. Le premier contact qu’ont les gens avec ces organisations est souvent l’achat d’un journal ou une discussion avec un de leurs militants lors d’une vente publique.

Face à l’influence des médias, le spectacle des militants qui vendent – ou essaient de vendre ! – leurs journaux sur les marchés ou dans les manifestations peut sembler dérisoire. Cette impression est malheureusement souvent renforcée quand, en ouvrant le journal, on découvre des articles qui semblent destinés plutôt à un petit cercle d’initiés qu’à un public plus vaste. Le contenu, le format et le langage utilisé sont souvent très éloignés de ce que les gens nouveaux à la politique ou même les militants de base attendent.

3 Populariser les luttes

Pourtant, même dans une situation où nos idées sont à contre-courant (ce qui est le cas aujourd’hui), la presse militante, malgré les défauts et le faible tirage des journaux existants, joue un rôle non-négligeable.

L’annonce d’une manifestation ou d’un meeting dans un journal (complétée de nos jours par l’utilisation d’Internet) est une aide indispensable à la mobilisation.

Lors d’une grève, de la fermeture d’une usine ou d’un mouvement comme celui des sans-papiers, la publication d’un article, surtout s’il s’appuie sur des faits réels et sur des entretiens avec les participants, permet aux lecteurs dispersés dans tout le pays de connaître les revendications et les motifs de la lutte. Ce public va à son tour influencer d’autres personnes qui ne sont pas des lecteurs réguliers, et ainsi de suite.

C’est ce qui explique en partie le fait que, très souvent, les luttes bénéficient d’un soutien de l’opinion publique malgré la supériorité apparente des médias bourgeois (c’est-à-dire contrôlés par des intérêts privés ou par l’Etat). L’opinion publique – la conscience des travailleurs, dirions-nous – n’est pas fabriquée uniquement par les grands médias.

C’est le rôle d’organisateur du mouvement qui donne son importance à la presse ouvrière, et qui la distingue de la presse bourgeoise avec laquelle les lecteurs ont des rapports essentiellement passifs et consommateurs.

4 La presse militante existante joue-t-elle pleinement ce rôle ?

Aujourd’hui, compte tenu des enjeux et de la demande d’idées, nous avons besoin d’un journal populaire communiste et internationaliste. Ce journal devrait être au centre de l’activité des militants révolutionnaires.

Le journal révolutionnaire ne doit pas se contenter de commenter le monde, ni d’être un forum ouvert à toutes les tendances de gauche, sans jamais trancher sur le fond. Il doit être une arme dans la lutte de classes, et permettre à ses lecteurs de devenir de meilleurs combattants pour le socialisme.

Ceci ne veut pas dire se limiter aux actualités politiques et aux luttes en cours. Le journal doit également donner des analyses plus approfondies pour comprendre la nature de la période. Il doit tirer toutes les leçons des expériences passées en France et dans le monde en publiant des articles sur les grands moments de l’histoire du mouvement ouvrier, écrits de façon vivante et accessible pour le plus grand nombre de lecteurs.

En outre, la participation active des militants à la diffusion du journal a une fonction politique importante – celle de former les militants eux-mêmes (pour vendre un journal autour de soi on doit d’abord le lire !) et de permettre à l’organisation de tester ses idées dans la pratique. C’est dans les rapports entre les responsables de la rédaction du journal, les militants (transformés le plus souvent possible en vendeurs actifs et correspondants du journal) et les lecteurs que peut se forger cet outil indispensable à la croissance du mouvement communiste qu’est le journal révolutionnaire.

5 Notes et sources

Contretemps, Vladimir Ilitch Lénine : parti, presse, culture & révolution, mars 2015

  1. Karl Marx, 11e thèse sur Feuerbach, 1845
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