Iskra

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L'Iskra (littéralement L'Étincelle) était un journal marxiste du début du 20e siècle en Russie. C'était l'organe du POSDR, le Parti ouvrier social-démocrate de Russie. Il fut publié pendant trois ans à partir de 1900, sous la direction de Lénine, Martov et Plekhanov. Son but était le rassemblement des différents courants du mouvement ouvrier en Russie et la formation d'une plateforme commune.

L'Iskra fut le noyau autour duquel s'est constituée l'équipe dirigeante du POSDR.

1 Contexte

Vers la fin du 19e siècle, ceux qui constestent l'autocratie tsariste sont principalement des libéraux bourgeois (parti KD), mais de plus en plus mollement, et surtout des socialistes. Le socialisme russe est alors dominé par le courant populiste, qui vise soit à faire une révolution à partir de la paysannerie, soit à faire des attentats contre des dignitaires du régime.

En 1883, la première cellule marxiste de Russie, Libération du Travail, est formée par d'anciens populistes : Gueorgui Plekhanov, Pavel Axelrod, Vera Zassoulitch, etc. Une grande partie de l'intelligentsia sera gagnée au marxisme au tournant du 20e siècle, mais le populisme reste influent, avec en particulier la formation en 1901 du Parti socialiste-révolutionnaire (SR). Sur le modèle de l'Internationale ouvrière, les marxistes se nomment alors « social-démocrates ». Les partis seront aussi beaucoup désignés par les diminutifs эсер (« essère », S-R) et эсдек (« essdek », S-D).

Des cercles social-démocrates, d'intellectuels ou d'ouvriers, se forment un peu partout dans l'Empire russe, mais avec une certaine hétérogénéité et sans coordination. En mars 1898, un congrès (clandestin) est organisé à Minsk pour tenter d'unifier en un parti diverses organisations marxistes ou ouvrières. Il est considéré comme le premier congrès du POSDR, mais n'a pas vraiment réussi son objectif.

2 Histoire

2.1 Créer un organe central

Un petit groupe de marxistes se retrouve dans le milieu des émigrés russes (en raison de la répression) en Europe, et cherche à fonder un véritable parti, autour d'un organe central, un journal, lIskra. Ce groupe (les « iskristes ») est composé d'anciens, comme Plekhanov, et de jeunes, comme Martov, et Lénine, qui est particulièrement convaincu et investi dans ce projet.  La fonction de la presse ouvrière occupait l’attention de Lénine bien avant la création du POSDR. Il consacra plusieurs années de sa vie à étudier sa pertinence et son insertion dans la classe ouvrière émergente. Le slogan de lIskra était « De l'étincelle jaillira la flamme », une formule lancée par le poète Alexandre Odoïevski suite à l'emprisonnement des décembristes.

En décembre 1900, le premier numéro de l’Iskra est achevé.  L'éditorial intitulé Les tâches les plus urgentes de notre mouvement est l'œuvre de Lénine lui-même, et il affirme « la nécessité d’organiser un parti révolutionnaire en coordonnant toute l’activité des groupes locaux et permettant d’organiser un travail révolutionnaire régulier ». Lénine résume encore cet objectif dans Par où commencer ?, article publié en mai 1901, dans le quatrième numéro. Il y met en avant l'importance du journal comme lien organique du Parti, permettant de mener une « politique pour toute la Russie ». Le journal est le fil conducteur permettant de bâtir une organisation efficace, rassemblant et organisant toutes les forces révolutionnaires. Lénine évoque, à cet égard, la nécessité d’établir, précisément par la réalisation d’un journal commun, produit d’une œuvre commune, une « liaison effective » entre tous les « collaborateurs », permettant de construire la médiation pratique incitant « à progresser constamment dans toutes les voies nombreuses qui mènent à la révolution ».

Le journal devait tenir un langage clair mais qui permettait, à son tour, d’élever la conscience politique des travailleurs. Lénine tenait aussi particulièrement à ce que le journal paraisse régulièrement pour devenir un point de repère.

2.2 Les débuts difficiles

Cependant le chemin n'est pas facile. Lénine reprend l'impression du journal en Allemagne, alors que Gueorgui Plekhanov voulait s'installer en Suisse. Des sociaux-démocrates allemands aident Lénine à s'installer et à trouver du matériel d'impression permettant l'impression des caractères cyrilliques. Ils collaborent également au transport clandestin et illégal du journal à travers la frontière germano-russe. L'Iskra, interdite, devait être introduite en Russie en contrebande. Mais elle devint vite le journal clandestin le plus lu depuis 50 ans.[1]

Le premier tirage aurait été fait à Leipzig le 1er décembre 1900. Selon d'autres sources, ce serait le 24 décembre[2]. Enfin selon d'autres, bien que le processus d'impression soit en cours, il est finalement retardé et le premier tirage aurait vu le jour en janvier 1901. Lénine termine la rédaction de l'Iskra, et le premier numéro peut être publié.

LIskra s'attache à polémiquer contre les libéraux, les narodniks, mais aussi contre divers courants qui se revendiquent du marxisme mais qui s'en éloignent : les « marxistes légaux » (abandonnant tout réel travail politique subversif), les « économistes » (abandonnant la politique au nom de la priorité aux luttes économiques)... Dans ces années-là, le pays traverse une période de politisation sociale active avec des milliers de jeunes qui se rapprochent des idées marxistes. Pour lIskra, il s'agit de disputer l'influence à ces courants opportunistes.

De 1901 à juillet 1903 sortent 44 numéros de l’Iskra. L'œuvre célèbre de Lénine Que faire ? (Что делать?) (1902) rassemble les développements du journal en matière d'organisation. Que faire est alors écrit au nom de toute la rédaction.

Quand Lénine était à Londres (1902–1903), le journal était édité dans un petit bâtiment au 37a Clerkenwell Green, EC1[3], avec l'aide de Henry Quelch pour le travail d'impression.[4]

Trotsky intègre le comité de rédaction de l’Iskra en 1902. Lénine l'avait proposé pour ses qualités d'écriture, et pour contrebalancer les vieux marxistes de plus en plus opportunistes (Plekhanov, Zassoulitch, Axelrod). Pendant que Lénine devenait le directeur politique du journal, sa femme Kroupskaïa était chargée de maintenir les relations avec les comités russes qui alimentaient le journal en nouvelles et dénonciations ouvrières.

2.3 La rupture de 1903

Au deuxième congrès du POSDR (1903), une division sur la question organisationnelle apparaît entre deux courants, l'un partisan de Lénine, l'autre de Martov. Lénine obtient une majorité (notamment avec l'aide de Plékhanov), et demande donc la majorité pour ses partisans dans la rédaction de l'Iskra. Les minoritaires vont alors exercer un chantage à la scission, et Plékhanov va se rallier à eux au nom de l'unité. L'Iskra devient donc un journal « menchévik » (« minoritaires » en russe, nom donné par les partisans de Lénine). Les bolchéviks (« majoritaires ») désignaient aussi leurs rivaux de « néo-iskristes » pour différencier la nouvelle Iskra de celle de 1901-1903, à partir du numéro 53.

L'Iskra continuera à être publiée sous la direction de Plékhanov jusqu'en 1905. Elle avait un tirage d'environ 8000 exemplaires.

3 Rédacteurs

puis :

4 Voir aussi

5 Anecdotes

Il a existé un hebdomadaire satirique russe, également intitulé Iskra, qui a paru à Saint-Pétersbourg de 1859 à 1873.[5]

6 Notes et références

  1. Rice, Christopher (1990). Lenin: Portrait of a Professional Revolutionary. London: Cassell. ISBN 978-0-304-31814-8.
  2. Selon Hélène Carrère d'Encausse dans L'URSS de la Révolution à la mort de Staline
  3. Glancey, Jonathan. G2: Architecture, The Guardian, 21 June 2004
  4. John Saville,
  5. Voir Искра (журнал) sur la wikipedia russe.

7 Lien externe