Grève générale

De Wikirouge
Aller à la navigation Aller à la recherche
GrèveGénérale.jpg

La grève générale est un mouvement de grève généralisé (interprofessionnel), qui vise à établir un rapport de force global entre la classe travailleuse d'une part et le patronat et/ou le gouvernement d'autre part.

1 Un des plus hauts niveaux de lutte de classe

Dans ses écrits sur la grève générale en France (1935), Trotsky écrivait :

« La grève générale, comme le sait tout marxiste, est un des moyens de lutte les plus révolutionnaires. La grève générale ne se trouve possible que lorsque la lutte des classes s'élève au-dessus de toutes les exigences particulières et corporatives, s'étend à travers tous les compartiments des professions et des quartiers, efface les frontières entre les syndicats et les partis, entre la légalité et l'illégalité et mobilise la majorité du prolétariat, en l'opposant activement à la bourgeoisie et à l'Etat. Au-dessus de la grève générale, il ne peut y avoir que l'insurrection armée. Toute l'histoire du mouvement ouvrier témoigne que toute grève générale, quels que soient les mots d'ordre sous lesquels elle soit apparue, a une tendance interne à se transformer en conflit révolutionnaire déclaré, en lutte directe pour le pouvoir. En d'autres termes : la grève générale n'est possible que dans les conditions d'une extrême tension politique et c'est pourquoi elle est toujours l'expression indiscutable du caractère révolutionnaire de la situation. ! »[1]

La grève générale est un mouvement qui a un minimum de durée, et repose sur une dynamique de mobilisation enthousiaste des travailleurs. Lorsque l'on parle de "grève générale" pour une journée de grève nationale ponctuelle, appelée par les directions bureaucratiques des syndicats sur des mots d'ordre timorés, c'est donc un abus de langage.

2 Historique

Le socialiste belge César de Paepe défend une théorie de la grève générale au Congrès de 1868 de la I'AIT. La pratique de la grève et les grèves générales étaient assez fortes en Belgique vers le début du 20e siècle.[2] Mais la direction du POB ne faisait le plus souvent que canaliser, avec réticence, les explosions spontanées des masses. Lors de la grève générale de 1887, le Congrès extraordinaire du POB du 15 juin 1887 adopte une résolution qui centre sur le suffrage universel, et repousse tout caractère révolutionnaire (adopté par 59 voix contre 34 et 24 abstentions). Lors de la grève générale de 1902, la Neue Zeit (dont Rosa Luxemburg) critiqua la collaboration du POB avec les libéraux bourgeois (tandis que Bernstein en prit la défense).

L'expression est née en France à la fin du 19e siècle dans les milieux du syndicalisme. Théorisée, entre autres, par Joseph Tortelier et Aristide Briand, elle était synonyme de révolution. La cessation de toute activité productive conduisant obligatoirement à l'effondrement du capitalisme, Georges Sorel en fit l'apologie en 1905-1906 en la présentant sous la forme d'un mythe mobilisateur censé remplacer la théorie marxiste de la catastrophe finale du capitalisme, jugée fataliste (voir ses Réflexions sur la violence). Elle fut à ce titre au centre de la théorie du syndicalisme révolutionnaire et considérée comme le prolongement de la politique d'action directe. L'échec des grèves générales lancées par la CGT, notamment le premier mai 1906, contribua au déclin du mythe révolutionnaire qu'elle représentait.

La révolution russe de 1905 et  la montée des luttes ouvrières à cette époque soulèvent d'intenses débats dans le SPD et l'Internationale ouvrière sur l'utilisation qui pouvait être faite de la grève générale. Les bureaucrates à la tête de la social-démocratie montrent leur réticence. Les syndicats allemands déclarent en mai 1905, lors de leur congrès, qu’ils n’ont pas les moyens pour soutenir une grève générale et qu’ils ont besoin de la paix sociale pour continuer leur progression numérique. Quelques mois plus tard, au congrès du parti, Bebel marque son hostilité aux révisionnistes qui rejettent la grève générale, affirmant que « la grève des masses doit être retenue comme une mesure défensive ».

Il reçoit le soutien de Rosa Luxemburg, qui rentre de Russie et publie en 1906 Grève de masse, Parti et syndicat[3], où elle réfute les positions des syndicalistes : elle dénonce leur caractère mécanique (attendre que toute la classe ouvrière soit organisée), leur attitude de comptable (les caisses des syndicats ne permettent pas de soutenir une grève générale) et met en avant que c’est dans la lutte que les travailleurs réalisent les plus grands progrès dans leur organisation et donc dans leur auto-émancipation.

Lors du Congrès de Stuttgart (1907) de l'Internationale ouvrière, les délégués français proposent qu'en cas de guerre, il soit lancé un appel à la grève générale. Les Allemands, conduits par Bebel et Vollmar rejettent leur motion, au nom du fait que la grève générale détruirait toutes les organisations.

Dans ses attaques des bolchéviks après la révolution d'Octobre, Kautsky parle tout au plus de grève générale dans les moyens extra-parlementaires qui peuvent être utilisés selon lui. Trotsky lui répond en 1920 :

« La grève générale ne peut avoir d'influence décisive que si elle est le prélude d'un conflit entre le prolétariat et la force armée de l'ennemi, c'est-à-dire d'une insurrection.  »[4]

3 Exemples

3.1 Principales grèves générales

3.2 Grèves régionales d'ampleur

  • L'affaire Lip de 1973 à 1974, dans la ville de Besançon : à noter le premier cas d'autogestion et la présence de plus de 100 000 manifestants le 29 septembre 1973 dans les rues de la capitale comtoise.

4 Notes et sources

  1. Trotsky, Où va la France ?, mars 1935
  2. Marcel Liebman, La pratique de la grève générale dans le Parti ouvrier belge jusqu'en 1914, Le Mouvement social, N° 58 – janvier-mars 1967
  3. Rosa Luxemburg, Grève de masse, parti et syndicat, 1906
  4. Trotsky, Terrorisme et communisme, 1920