Congrès des travailleurs d'Extrême-Orient

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Le Congrès des travailleurs d'Extrême-Orient fut une conférence impulsée par les bolchéviks en 1922 pour tenter de construire l'Internationale communiste. Initialement prévu à Irkoutsk, il a eu lieu à Moscou.

1 Préparatifs et objectifs

Ce congrès est comparable dans son objectif au Congrès des peuples d'Orient qui a eu lieu à Bakou en 1920. Mais il était également une contre-initiative à la « conférence navale de Washington ». Le commissariat du peuple aux affaires étrangères espérait initialement organiser un véritable sommet international rival en persuadant le gouvernement chinois d’y assister. Il ne s’agissait pas là d’un objectif complètement irréalisable. Il y avait un ressentiment énorme contre les puissances impérialistes en Chine, comme l’a prouvé le mouvement du 4 Mai 1919. Il y a également eu, la même année, le grand soulèvement de Mars en Corée.

Les bolchéviks ont ainsi essayé de rallier le seigneur de guerre le plus influent en Chine à ce moment, Wu Peifu. Suite à l'échec de cette tentative, le congrès a été revu à la baisse, se centrant sur les révolutionnaires, communistes et nationalistes. En Chine, les liens ont été établis seulement avec Sun Yat-sen.

Globalement, le focus du Congrès était plutôt mis sur la Chine et la Corée, victimes de l’impérialisme, et sur le Japon, le pouvoir impérialiste local qui comptait au nombre de leurs oppresseurs. Alors qu'il y avait environ 37 nationalités représentées à Bakou et près de 2000 délégués, il n'y en avait que 150 à ce congrès, et la majorité ne venait que de quatre pays (Chine, Japon, Corée et Mongolie). Il n’y avait qu’un seul délégué d’Indonésie et deux d’Inde (M.N. Roy et A. Mukherji).

Le Japon était important pour les bolcheviks car c’était un pays industriel avec un prolétariat important. Il avait suivi un développement similaire à celui de l’Europe, étant l’un des rares pays en dehors de cette zone à être passé par une véritable époque féodale. La révolution Meiji avait conduit au capitalisme, ainsi le Japon avait suivi les étapes classiques du développement qu’avait énoncé Marx, et selon la théorie marxiste, les conditions étaient mûres pour une révolution socialiste, tandis que, pour la plupart des bolcheviks, ce que l’on pouvait attendre de mieux dans les autres pays d’Orient était une révolution démocratique anti-impérialiste. Par ailleurs il était vital pour les bolchéviks de lutter de l'intérieur contre l'impérialisme japonais, qui représentait une grande menace sur la jeune URSS.

Le parti communiste indonésien (qui allait devenir une grande organisation et, même à cette époque, était le plus grand parti d’Asie orientale) était représenté par son leader, Semaun. Ce dernier était très lié à Henk Sneevliet (également connu sous le nom de Maring), une figure considérable de l’histoire du mouvement ouvrier. Socialiste avec d’importantes perspectives anti-impérialistes, Sneevliet a émigré aux Indes orientales pour faire un travail d'implantation dans les mouvements de résistance islamique.

2 Organisation

Alors que le congrès de Bakou s'est tenu en pleine guerre civile, la situation militaire et diplomatique était bien meilleure en 1922. Il semble que cela a conduit les bolchéviks à minimiser l'importance du congrès.

Les délégués qui venaient de l’extérieur devaient effectuer un voyage long, risqué et désagréable à travers l’hiver sibérien. Il était initialement prévu que le congrès se tienne à Irkoutsk et de nombreux délégués y passèrent plusieurs semaines en attendant que celui-ci commence. L’événement dans son ensemble semble avoir été plutôt mal organisé. Les délégués ont été extrêmement soulagés lorsque le lieu a été déplacé à Moscou.

3 Suites

Il était naturel pour les bolcheviks de se tourner vers les éléments les plus radicaux dans le jeune mouvement ouvrier japonais en rassemblant le noyau d’un parti communiste. La gauche du mouvement était dominée par les anarchistes, dont le leader était Osugi Sakae. Il était initialement attiré par le Kominterm, mais les événements de 1921 – surtout la mise en place de la NEP semble-t-il – l’ont mené à s’éloigner des communistes. L’un des délégués anarchistes, Kato (Yoshida Hajime), annonça sa conversion au communisme au congrès mais se ravisa en rentrant au Japon. La tentative de gagner les anarchistes ne semble donc pas avoir été très fructueuse.

4 Notes et sources

Revue Période, Le congrès des travailleurs d’Extrême-Orient : entretien avec John Sexton, Avril 2017