Modifications

Aller à la navigation Aller à la recherche
381 octets ajoutés ,  13 juin 2018 à 15:24
m
aucun résumé des modifications
Ligne 1 : Ligne 1 : −
'''[[File:Kroupskaïa 1890.jpg|right|305x451px|Kroupskaïa 1890.jpg]]Nadejda Konstantinovna «Nadia» Kroupskaïa''' (en russe Надежда Константиновна Крупская), née à Saint-Pétersbourg le 26 février 1869 et morte à Moscou le 27 février 1939, était l'épouse de [[Lénine|Lénine]]. Pédagogue de métier (docteur en éducation), elle est surtout connue en tant que militante [[Bolchéviks|bolchévique]] et collaboratrice politique de son époux.{{#set:Date=26-02-1869|Date fin=27-02-1939}}
+
 
 +
 
 +
<div class="capturedImage floatright" style="vertical-align: middle;  width: 305px">'''[[File:Kroupskaïa 1890.jpg|right|305x451px|Kroupskaïa 1890.jpg]]'''</div>
 +
'''Nadejda Konstantinovna «Nadia» Kroupskaïa''' (en russe Надежда Константиновна Крупская), née à Saint-Pétersbourg le 26 février 1869 et morte à Moscou le 27 février 1939, était l'épouse de [[Lénine|Lénine]]. Pédagogue de métier (docteur en éducation), elle est surtout connue en tant que militante [[Bolchéviks|bolchévique]] et collaboratrice politique de son époux.{{#set:Date=26-02-1869|Date fin=27-02-1939}}
    
== Les premiers pas du militantisme marxiste ==
 
== Les premiers pas du militantisme marxiste ==
Ligne 51 : Ligne 54 :  
Kroupskaïa est confrontée à une situation inédite car, selon ses propres mots, s’il s’agit de ''«&nbsp;détruire l’ancienne école de classe devenue une injustice criante pour créer une école qui réponde aux exigences du système socialiste naissant&nbsp;»'', la révolution et la [[Guerre_civile_russe|guerre civile]] se sont chargées de réaliser le premier objectif. Tout reste à faire pour établir un système unique d’enseignement envisageant la continuité du primaire au supérieur, par ailleurs centralisé et disposant d'établissements gratuits ouverts à la totalité de la population sans aucune distinction sociale.
 
Kroupskaïa est confrontée à une situation inédite car, selon ses propres mots, s’il s’agit de ''«&nbsp;détruire l’ancienne école de classe devenue une injustice criante pour créer une école qui réponde aux exigences du système socialiste naissant&nbsp;»'', la révolution et la [[Guerre_civile_russe|guerre civile]] se sont chargées de réaliser le premier objectif. Tout reste à faire pour établir un système unique d’enseignement envisageant la continuité du primaire au supérieur, par ailleurs centralisé et disposant d'établissements gratuits ouverts à la totalité de la population sans aucune distinction sociale.
   −
[[File:Kroupskaïa-Lenine-Eure.jpg|frame|right|376x267px|Kroupskaïa et Lénine en février 1920 avec le journaliste américain Lincoln Eure.]]La réalisation de ce plan d’éducation s’avère très complexe. Il faut des bâtiments, des manuels, des professeurs et des instituteurs certes formés aux techniques pédagogiques innovantes, mais surtout partisans du nouveau régime. Partout sont organisés des stages et des séminaires destinés au recyclage des enseignants, tandis que sont réquisitionnés une multitude de locaux appartenant aux dignitaires de l’ancien régime ou à l’église orthodoxe. Cette stratégie ne s’applique pas seulement en Russie. Au sein des républiques d’Asie centrale, dans le Caucase, etc., l’effort est le même. Si le russe gagne du terrain par cette scolarisation systématique, l’écrit supplante l’oral dans certaines régions car abécédaires et autres manuels scolaires sont édités dans les langues des peuples de l’URSS (En 1928, les manuels scolaires sont édités dans 70 langues de l’URSS, chiffre qui passe à 104 en 1934.).
+
 
 +
<div class="capturedImage showLegend floatright rfck_mw_frame" style="vertical-align: middle;  width: 397px">[[File:Kroupskaïa-Lenine-Eure.jpg|frame|right|397x282px|Kroupskaïa et Lénine en février 1920 avec le journaliste américain Lincoln Eure.]] </div>
 +
La réalisation de ce plan d’éducation s’avère très complexe. Il faut des bâtiments, des manuels, des professeurs et des instituteurs certes formés aux techniques pédagogiques innovantes, mais surtout partisans du nouveau régime. Partout sont organisés des stages et des séminaires destinés au recyclage des enseignants, tandis que sont réquisitionnés une multitude de locaux appartenant aux dignitaires de l’ancien régime ou à l’église orthodoxe. Cette stratégie ne s’applique pas seulement en Russie. Au sein des républiques d’Asie centrale, dans le Caucase, etc., l’effort est le même. Si le russe gagne du terrain par cette scolarisation systématique, l’écrit supplante l’oral dans certaines régions car abécédaires et autres manuels scolaires sont édités dans les langues des peuples de l’URSS (En 1928, les manuels scolaires sont édités dans 70 langues de l’URSS, chiffre qui passe à 104 en 1934.).
    
Enfin, au niveau de la pédagogie, l’effort est tout aussi important et c’est probablement cet aspect qui passionne le plus Kroupskaïa. Les disciplines et les méthodes didactiques sont totalement renouvelées par la notion essentielle d'«&nbsp;enseignement polytechnique&nbsp;» qui regroupe les mathématiques, les sciences naturelles et les sciences sociales. Plus encore, persuadée qu’une société socialiste doit donner une place éminente aux élèves eux-mêmes dans le système scolaire, elle considère que ''«&nbsp;l’autogestion scolaire doit [leur] donner (…) l’habitude de résoudre ensemble, par des efforts communs, les problèmes qui se posent à eux&nbsp;»''. L’expérience menée par [[Anton_Makarenko|Anton Makarenko]] dans sa célèbre [[Colonie_Gorki|colonie Gorki]] fondée en 1920 pour les mineurs grands délinquants près de Poltava, puis dans la [[Commune_Dzerjinski|commune Dzerjinski]] à partir de 1927, renvoie à ces idéaux, célébrés aujourd’hui dans le monde entier. <span class="reference-text">[[Célestin_Freinet|Célestin Freinet]], qui visite l’URSS en 1925, voyage qui influencera sa démarche pédagogique, raconte six ans plus tard, dans un numéro de ''[[L’École_émancipée|L’École émancipée]]'', sa rencontre avec l’éminente adjointe de [[Lounatcharsky|Lounatcharsky]]&nbsp;:</span>
 
Enfin, au niveau de la pédagogie, l’effort est tout aussi important et c’est probablement cet aspect qui passionne le plus Kroupskaïa. Les disciplines et les méthodes didactiques sont totalement renouvelées par la notion essentielle d'«&nbsp;enseignement polytechnique&nbsp;» qui regroupe les mathématiques, les sciences naturelles et les sciences sociales. Plus encore, persuadée qu’une société socialiste doit donner une place éminente aux élèves eux-mêmes dans le système scolaire, elle considère que ''«&nbsp;l’autogestion scolaire doit [leur] donner (…) l’habitude de résoudre ensemble, par des efforts communs, les problèmes qui se posent à eux&nbsp;»''. L’expérience menée par [[Anton_Makarenko|Anton Makarenko]] dans sa célèbre [[Colonie_Gorki|colonie Gorki]] fondée en 1920 pour les mineurs grands délinquants près de Poltava, puis dans la [[Commune_Dzerjinski|commune Dzerjinski]] à partir de 1927, renvoie à ces idéaux, célébrés aujourd’hui dans le monde entier. <span class="reference-text">[[Célestin_Freinet|Célestin Freinet]], qui visite l’URSS en 1925, voyage qui influencera sa démarche pédagogique, raconte six ans plus tard, dans un numéro de ''[[L’École_émancipée|L’École émancipée]]'', sa rencontre avec l’éminente adjointe de [[Lounatcharsky|Lounatcharsky]]&nbsp;:</span>
Ligne 61 : Ligne 66 :  
Le ''[[Testament_de_Lénine|testament politique]]'' qu’il rédige auprès de Kroupskaïa en décembre 1922 exprime beaucoup de réserves envers ses collaborateurs les plus proches, mais ses critiques les plus fermes sont dirigées contre [[Staline|Staline]]. Il faut, sans doute, pour expliquer ces remarques acerbes, datées de janvier 1923, considérer son récent manque de respect envers Nadejda, le secrétaire général ayant osé dire publiquement, par des mots aussi crus que violents, que le partage du lit de Lénine ne lui donne aucune légitimité politique. <span class="reference-text">Kroupskaïa écrit en <time class="nowrap" datetime="1923-12">décembre 1923</time> à [[Kamenev|Kamenev]] à cette époque chef du Politburo&nbsp;:</span>
 
Le ''[[Testament_de_Lénine|testament politique]]'' qu’il rédige auprès de Kroupskaïa en décembre 1922 exprime beaucoup de réserves envers ses collaborateurs les plus proches, mais ses critiques les plus fermes sont dirigées contre [[Staline|Staline]]. Il faut, sans doute, pour expliquer ces remarques acerbes, datées de janvier 1923, considérer son récent manque de respect envers Nadejda, le secrétaire général ayant osé dire publiquement, par des mots aussi crus que violents, que le partage du lit de Lénine ne lui donne aucune légitimité politique. <span class="reference-text">Kroupskaïa écrit en <time class="nowrap" datetime="1923-12">décembre 1923</time> à [[Kamenev|Kamenev]] à cette époque chef du Politburo&nbsp;:</span>
 
<blockquote>«&nbsp;Léon Borisovitch&nbsp;! À la suite d'une courte lettre que m'a dictée, avec l'autorisation des médecins, Vladimir Ilitch, Staline est entré hier dans une violente et inhabituelle colère contre moi. Ce n'est pas d'hier que je suis au Parti. Au cours de ces trente années je n'ai jamais entendu d'aucun camarade un mot grossier. Les affaires du Parti et celles d'Ilitch me sont aussi chères qu'à Staline. J'ai besoin aujourd'hui d'un maximum de sang-froid. Ce que l'on peut —&nbsp;et ce que l'on ne peut pas&nbsp;— discuter avec Ilitch je le sais mieux que n'importe quel médecin, parce que je sais ce qui le rend ou ne le rend pas nerveux. En tout état de cause, je le sais mieux que Staline. Je m'adresse à vous et à Grigori (nda&nbsp;: Zinoviev) comme à de vieux camarades de Vladimir Ilitch, et vous supplie de me protéger contre des ingérences brutales dans ma vie privée, de viles invectives et de basses menaces. Je n'ai aucun doute quant à ce que sera la décision unanime de la Commission de contrôle, de laquelle Staline a jugé bon de me menacer. Quoi qu'il en soit, je n'ai ni force, ni temps à perdre dans cette stupide querelle. Je suis un être humain, et mes nerfs sont tendus à l'extrême. N. Kroupskaïa.&nbsp;»<ref>Cité par [[Khrouchtchev|Khrouchtchev]] au XXe congrès de 1956.</ref></blockquote>  
 
<blockquote>«&nbsp;Léon Borisovitch&nbsp;! À la suite d'une courte lettre que m'a dictée, avec l'autorisation des médecins, Vladimir Ilitch, Staline est entré hier dans une violente et inhabituelle colère contre moi. Ce n'est pas d'hier que je suis au Parti. Au cours de ces trente années je n'ai jamais entendu d'aucun camarade un mot grossier. Les affaires du Parti et celles d'Ilitch me sont aussi chères qu'à Staline. J'ai besoin aujourd'hui d'un maximum de sang-froid. Ce que l'on peut —&nbsp;et ce que l'on ne peut pas&nbsp;— discuter avec Ilitch je le sais mieux que n'importe quel médecin, parce que je sais ce qui le rend ou ne le rend pas nerveux. En tout état de cause, je le sais mieux que Staline. Je m'adresse à vous et à Grigori (nda&nbsp;: Zinoviev) comme à de vieux camarades de Vladimir Ilitch, et vous supplie de me protéger contre des ingérences brutales dans ma vie privée, de viles invectives et de basses menaces. Je n'ai aucun doute quant à ce que sera la décision unanime de la Commission de contrôle, de laquelle Staline a jugé bon de me menacer. Quoi qu'il en soit, je n'ai ni force, ni temps à perdre dans cette stupide querelle. Je suis un être humain, et mes nerfs sont tendus à l'extrême. N. Kroupskaïa.&nbsp;»<ref>Cité par [[Khrouchtchev|Khrouchtchev]] au XXe congrès de 1956.</ref></blockquote>  
On ignore à quelle date précise Lénine découvre le comportement de Staline à l'égard de Kroupskaïa. Ce n'est qu'au bout de plusieurs mois qu'il réagit explicitement à cet épisode&nbsp;: le 5 mars 1923, il envoie à Staline une lettre comminatoire, dans laquelle il lui reproche d'avoir insulté son épouse et lui réclame des excuses sous peine que toute relation soit rompue entre eux.
+
On ignore à quelle date précise Lénine découvre le comportement de Staline à l'égard de Kroupskaïa. Ce n'est qu'au bout de plusieurs mois qu'il réagit explicitement à cet épisode&nbsp;: le 5 mars 1923, il envoie à Staline une lettre dans laquelle il lui reproche d'avoir insulté son épouse et lui réclame des excuses sous peine que toute relation soit rompue entre eux.<ref>''[https://www.marxists.org/archive/lenin/works/1923/mar/05.htm Lettre de Lénine à Staline]'', 5 mars 1923</ref> Staline lui répond le 7 mars en s'excusant à moitié.
    
A la mort de Lénine, Kroupskaïa répondait aux condoléances publiées par la Pravda&nbsp;: ''«&nbsp;ne laissez pas votre hommage à Illitch prendre la forme d’une adoration de sa personne, ne construisez pas pour lui des monuments (...), n’organisez pas des cérémonies commémoratives. De son vivant, (...) tout cela était vain à ses yeux (...). Si vous désirez honorer le nom de Lénine, construisez des crèches, des écoles (...) et par-dessus tout, mettez ses préceptes en pratique&nbsp;»''.<ref>OCML-VP, [http://www.vp-partisan.org/article496.html Les derniers combats de Lénine], 1994</ref>
 
A la mort de Lénine, Kroupskaïa répondait aux condoléances publiées par la Pravda&nbsp;: ''«&nbsp;ne laissez pas votre hommage à Illitch prendre la forme d’une adoration de sa personne, ne construisez pas pour lui des monuments (...), n’organisez pas des cérémonies commémoratives. De son vivant, (...) tout cela était vain à ses yeux (...). Si vous désirez honorer le nom de Lénine, construisez des crèches, des écoles (...) et par-dessus tout, mettez ses préceptes en pratique&nbsp;»''.<ref>OCML-VP, [http://www.vp-partisan.org/article496.html Les derniers combats de Lénine], 1994</ref>

Menu de navigation