Socialisme et écologie

De Wikirouge
(Redirigé depuis Socialisme et écologisme)
Aller à la navigation Aller à la recherche
EcologieRouge.jpg

L'écologisme et la lutte pour le socialisme sont profondément liés, car le capitalisme génère structurellement un déséquilibre écologique (crises écologiques, gaspillage des ressources naturelles...).

1 Réflexions dans le mouvement socialiste[modifier | modifier le wikicode]

1.1 L'écologie de Marx et Engels[modifier | modifier le wikicode]

Les deux fondateurs du socialisme scientifique, Karl Marx et Friedrich Engels avaient quelques notions sur les questions écologiques, qu'ils ont abordées plusieurs fois. Même si les connaissances sur les écosystèmes étaient alors très faibles et que cela induit fatalement des points aveugles dans leur pensée, ils ont montré de l'intérêt pour les toutes premières approches scientifiques de la question. En assistant à la transition du féodalisme au capitalisme, Marx et Engels ont perçu une contradiction entre le capital et la nature.

Marx suivait attentivement les travaux de Justus Von Liebig à partir des années 1860. Ce chimiste analysait de façon très critique la façon dont l'agriculture intensive volait littéralement les nutriments des sols vers les villes, sans se soucier du retour de ces nutriments vers les terres. Cela brise les cycles naturels et pollue les villes. Marx parlera d'une grave rupture dans le métabolisme entre l'homme et la nature causée par la dynamique du capitalisme.

« chaque progrès de l'agriculture capitaliste est un progrès non seulement dans l'art de dépouiller le travailleur, mais encore dans l'art de dépouiller le sol... La production capitaliste ne développe donc la technique et la combinaison du procès de production sociale qu'en épuisant simultanément les deux sources d'où jaillit toute richesse: la terre et le travailleur. » Karl Marx, Le Capital, Livre 1

Engels écrivait en 1876 que le mode de production capitaliste générait toute une série de retours de bâton écologiques à cause de la logique de profit à court terme :

« Là où des capitalistes individuels produisent et échangent pour le profit immédiat, on ne peut prendre en considération au premier chef que les résultats les plus proches, les plus immédiats. Pourvu qu'individuellement le fabricant ou le négociant vende la marchandise produite ou achetée avec le petit profit d'usage, il est satisfait et ne se préoccupe pas de ce qu'il advient ensuite de la marchandise et de son acheteur. Il en va de même des effets naturels de ces actions. Les planteurs espagnols à Cuba qui incendièrent les forêts sur les pentes et trouvèrent dans la cendre assez d'engrais pour une génération d'arbres à café extrêmement rentables. Que leur importait que, par la suite, les averses tropicales emportent la couche de terre superficielle désormais sans protection, ne laissant derrière elle que les rochers nus ? Vis à vis de la nature comme de la société, on ne considère principalement, dans le mode de production actuel, que le résultat le plus proche, le plus tangible ; et ensuite on s'étonne encore que les conséquences lointaines des actions visant à ce résultat immédiat soient tout autres, le plus souvent tout à fait opposées. ».[1]

Dans le cadre de leur analyse de la rupture métabolique, Marx et Engels ne s’en sont pas tenus au cycle des nutriments de la terre, ou aux relations entre villes et campagnes. À divers moments de leur travail, ils ont évoqué des problèmes comme ceux de la déforestation, de la désertification, du changement climatique, de la disparition des cerfs des forêts, de la marchandisation des espèces, de la pollution, des déchets industriels, du relâchement de substances toxiques, du recyclage, de l’épuisement des mines de charbon, des maladies, de la surpopulation et de l’évolution (ou de la coévolution) des espèces. Par ailleurs, même si cela restait assez méconnu, dès 1861, l'effet potentiel du CO2 sur l'effet de serre planétaire était présenté par John Tyndall, dont les travaux étaient suivis avec attention par Marx.

De façon plus théorique, Engels a élaboré sur la vision dialectique du progrès et de ses effets sur la maîtrise de la nature, dans Dialectique de la Nature, publié à titre posthume. Il y écrivait :

«  Ne nous flattons pas trop de nos victoires sur la nature. Elle se venge sur nous de chacune d’elles. Chaque victoire a certes en premier lieu les conséquences que nous avons escomptées, mais, en second et en troisième lieu, elle a des effets tout différents, imprévus, qui ne détruisent que trop souvent ces premières conséquences. Les gens qui, en Mésopotamie, en Grèce, en Asie Mineure et autres lieux essartaient les forêts pour gagner de la terre arable, étaient loin de s’attendre à jeter par là les bases de l’actuelle désolation de ces pays, en détruisant avec les forêts les centres d’accumulation et de conservation de l’humidité. » Dialectique de la nature, 1883

1.2 Kautsky, Lénine, Boukharine, Trotski...[modifier | modifier le wikicode]

Mais il faut bien reconnaître que pendant un certain temps, les continuateurs du socialisme scientifique n'ont que peu approfondi ce domaine. C'est principalement parce que les crises écologiques ont mis du temps à être comprises dans toute leur profondeur, et aussi sans doute parce que la lutte de classe apparaissait d'une activité bien plus brûlante.

Le développement des engrais chimiques a fait dire à certains bourgeois que la critique de Marx sur le déséquilibre des nutriments était périmée. Dans La question agraire et les critiques de Marx, Lénine leur répond que « la possibilité de substituer des fertilisants artificiels aux engrais naturels (…) ne réfute en rien l’irrationalité qui consiste à gaspiller des engrais naturels en polluant ainsi les rivières et l’air dans les districts industriels ». Il y avait donc une critique de la fuite en avant capitaliste et de ses effets polluants.

Kautsky, dans La Question Agraire (1900), met en lumière certains effets négatifs de la concentration des terres et de la mécanisation.

Dans son ouvrage de vulgarisation La théorie du matérialisme historique[2], Boukharine fait une synthèse du concept de « métabolisme social », et l’agrémente de considérations pertinentes sur la possibilité d’estimer la productivité sociale du travail en ramenant les différentes activités à leur dénominateur commun : la dépense d’énergie.

En revanche, Trotski a négligé le sujet, et souvent fait des éloges sans réserves des nouvelles technologies, s'exaltant d'avance que « l’homme socialiste maîtrisera la nature entière » mais sans référence à la nécessité de tendre vers une vision englobante des conséquences écologiques des forces productives.[3]

1.3 Écologie en URSS[modifier | modifier le wikicode]

Les écologistes russes étaient à la pointe dès avant 1917 : le géochimiste Vladimir Vernadski (fondateur du terme de biosphère) le zoologiste Kojevnikov, le botaniste Borodine, par exemple, jouissaient d’une réputation internationale. Ces savants ne voulaient pas seulement protéger des sanctuaires naturels, comme dans les parcs américains. Ils voulaient en plus comprendre le fonctionnement des écosystèmes. Mais l'ancien régime ne les avait pas écoutés.

Politiquement, ces scientifiques étaient le plus souvent des libéraux (Vernadski était un des fondateurs du parti KD) que rien ne portait vers le parti bolchévik. Mais le nouveau pouvoir soviétique leur a, à l'origine, vraiment offert de développer leurs recherches, faisant dans les années 1920 des soviétiques les pionniers de la science écologique.

Lénine était particulièrement sensible à l'aspect scientifique de l'écologie, mais également (et c'est lié) à l'importance de la conservation de la nature[4], notamment parce que c'est un des facteurs productifs. Le 16 janvier 1919 (en pleine guerre civile) Lénine reçoit Nikolaï Podiapolskii sur recommandation de Lounatcharski (Commissaire du peuple à l’Éducation, Narkompros). Podiapolskii était un agronome, membre du Comité exécutif territorial d’Astrakhan, et venait solliciter son appui pour la création d’une réserve naturelle intégrale (zapovednik) dans le delta de la Volga. Lénine approuve aussitôt et demande même à Podiapolskii de lui rédiger un décret applicable à toute l’Union, qu'il reconnaît comme une « priorité urgente ».

Il faudra cependant attendre la fin de la guerre civile pour que le projet de Podiapolskii débouche effectivement sur un décret général. Signé le 21 septembre 1921, il confirme que la politique de conservation est placée sous la responsabilité du Narkompros. Cela permettait de la placer dans une logique scientifique, protégée des pressions court-termistes comme cela aurait pu être le cas sous l'égide du Commissariat à l’Agriculture. Dix années plus tard, les zapovedniks couvriront 40 000 km2. Par ailleurs, le Narkompros créera une commission temporaire sur la conservation. Comptant plusieurs scientifiques renommés, elle sera pilotée par un astronome membre du parti communiste : Vagran Tigran Ter-Oganessov.

Mais le stalinisme a étouffé l'écologie en URSS. Les raisons sont principalement :

  • qu'elle entrait en contradiction avec la course au productivisme engagée pour "rattraper et dépasser" les pays impérialistes (et notamment avec la frénésie stakhanoviste des années 1930)
  • qu'elle aurait obligé à penser le développement de l’économie soviétique dans les contraintes de son environnement mondial, au moment même où les idéologues du régime inventent « la construction du socialisme dans un seul pays ».
  • qu'elle aurait impliqué un véritable choix démocratique sur les priorités et le mode de développement, en contradiction absolue avec les privilèges bureaucratiques et la confiscation du pouvoir.
  • que l'idéologie officielle a (à nouveau) réduit la source des richesses au seul travail humain (érigé en « capital le plus précieux »), ce qui était contredit par les preuves de plus en plus évidentes de l’interdépendance entre l’homme et la nature

1.4 Années 1940[modifier | modifier le wikicode]

Walter Benjamin a été un des rares marxistes avant 1945 à faire une critique écologiste radicale, parlant du rapport « assassin » de la civilisation capitaliste avec la nature.[5]

1.5 Années 1970[modifier | modifier le wikicode]

La prise de conscience des crises écologiques a pris une véritable ampleur à partir des années 1970. Les dégâts environnementaux majeurs causés par la planification bureaucratique des pays du Bloc de l'Est ont par ailleurs contribué à décrédibiliser la perspective socialiste.

Beaucoup d'écologistes ont alors affirmé que le marxisme n'avait rien d'intéressant à dire sur l'écologie, et que les études de Marx sur le sujet n'ont été que marginales.

1.6 Positions des courants issus du trotskisme[modifier | modifier le wikicode]

La courant majoritaire, le Secrétariat-Unifié de la Quatrième Internationale, est un de ceux qui a le plus cherché à faire des pas vers le mouvement écologiste. En 2003, il adopte une résolution « Ecologie et socialisme »[6]. En 2010, il se prononce en faveur de l'écosocialisme".[7]

Lutte ouvrière a produit quelques élaborations sur le sujet[8][9], mais n'hésite pas à critiquer sévèrement les limites des courants écologistes (tant les écologistes bourgeois que les décroissants[10] « petit-bourgeois »).

1.7 Marxisme contemporain[modifier | modifier le wikicode]

1.7.1 Carolyn Merchant[modifier | modifier le wikicode]

Carolyn Merchant , philosophe marxiste, a publié en 1980 un livre intitulé The Death of Nature, dans lequel elle soutient qu'à partir du siècle des Lumières, les discours sur la nature changent, décrivant celle-ci comme une machine plutôt que comme un organisme vivant, ceci ayant servi à légitimer un plus grand contrôle et une plus grande appropriation. Comme les femmes étaient traditionnellement associées à la nature, par contrecoup, ce changement s'est accompagné d'un contrôle plus brutal sur leur corps. C'est pourquoi Merchant est considérée comme une fondatrice de l'écoféminisme.

1.7.2 James O'Connor[modifier | modifier le wikicode]

James O'Connor (1930-2017) est considéré comme une figure importante d'une génération de marxistes qui s'est penchée sur l'écologie.[11] Il avançait qu'avec ses dégâts sur l'environnement naturel, le capital détruit les conditions mêmes de sa reproduction (diminution de ressources naturelles dont l'abondance est nécessaire à des taux de profit élevés...).

1.7.3 Rupture métabolique[modifier | modifier le wikicode]

Une des écoles les plus fertiles de l'écologie marxiste de ces dernières années est celle de la « théorie de la rupture métabolique ». Elle est surtout représentée par John Bellamy Foster. Ce courant se base essentiellement sur les observations de Marx mentionnées plus haut, en les étendant aux nouveaux problèmes comme le changement climatique et la destruction de la biodiversité.

« Marx et Engels, au même titre que d’autres penseurs des premiers temps du socialisme, comme Pierre-Joseph Proudhon (dans Qu’est-ce que la propriété ?) ou encore Willliam Morris, ont eu l’avantage de vivre à une époque où la transition du féodalisme au capitalisme était encore en cours, ou bien s’était produite suffisamment récemment pour être encore dans les mémoires. C’est sans doute pour cela que les questions qu’ils ont soulevées à propos de la société capitaliste et même à propos de la relation entre la société et la nature étaient souvent plus fondamentales que celles qui caractérisent la pensée sociale et écologiste aujourd’hui, même à gauche. Il est vrai que la technologie a changé, et a créé de nouvelles menaces massives pour la biosphère, menaces auparavant inimaginables. Néanmoins la relation d’antagonisme entre le capitalisme et l’environnement, qui est au cœur de la crise actuelle, était paradoxalement plus évidente pour les socialistes du XIXe et du début du XXe siècle qu’elle ne l’est aujourd’hui pour la majorité des penseurs écologistes. Cela exprime bien le fait que ce n’est pas la technologie qui est le problème principal, mais plutôt la nature et la logique du capitalisme comme mode de production spécifique. Les socialistes ont contribué de façon fondamentale, et à toutes les étapes, au développement de la critique écologique moderne. Exhumer aujourd’hui cet héritage méconnu est essentiel à l’effort plus général de développement d’une analyse matérialiste écologique capable d’affronter les conditions environnementales catastrophiques que nous vivons aujourd’hui. »[12]

Ce courant notamment critiqué la vision de Connor, en soulignant plusieurs points :

  • les plus graves conséquences de la destruction écologique pèsent prioritairement sur des populations qui sont en dehors de la classe capitaliste ;
  • le capitalisme peut continuer à prospérer encore relativement longtemps en ravageant la planète.

1.7.4 Débats plus récents[modifier | modifier le wikicode]

Andreas Malm est un des représentants les plus connus du marxisme écologique d'aujourd'hui. C'est notamment lui qui a mis en avant le « capitalocène » plutôt que « l'anthropocène ». Il souligne le rôle de la dynamique économique fondamentale du capitalisme (concurrence pour le profit, engendrant le productivisme, l'extractivisme...), contrairement à une catégorie trop générale (l'humain) qui ne permet pas de comprendre l'origine du problème, et donc de tracer une stratégie de lutte.

Le terme de capitalocène a par la suite été diffusé par Jason W. Moore et Donna Haraway, mais Andreas Malm est en désaccord avec leur vision sur plusieurs points.[13] Malm leur reproche dissoudre le dualisme nature / société, au nom d'une critique (à la mode ces dernières années dans la sphère académique) de tous les dualismes, aboutissant à des théorisations qui ne permettent pas efficacement de comprendre le monde.

Moore, a repris à son compte la vision de Connor, en la radicalisant.[14] Pour lui la crise écologique est entièrement imbriquée avec le capitalisme, sans autonomie, et tout a une action en retour sur la baisse des taux de profits. Il reprend notamment la vision (qui vient de Ricardo) selon laquelle les dégâts écologiques conduisent à une baisse de l'offre alimentaire, donc une nécessité de hausse des salaires et une baisse conséquente des taux d'exploitation. Malm rétorque que ce n'est pas du tout ce qui est observé empiriquement dans la plupart des problèmes écologiques actuels.

2 Sujets de débats[modifier | modifier le wikicode]

2.1 La nature sans valeur ?[modifier | modifier le wikicode]

Certains reprochent à l'analyse économique de Marx de n'attribuer aucune valeur à la nature. Il est vrai que tous les penseurs économistes classiques (Smith, Malthus, Ricardo, Say, Mill) sur lesquels se basait Marx définissent explicitement la nature comme un « don gratuit ».

Le pétrole, accumulé sous terre par des processus naturels qui ont demandé des millions d'années, apparaît au premier abord comme un don gratuit de la nature.

Mais il faut rappeler que pour Marx, contrairement, aux économistes classiques, il s'agissait de mettre à jour les lois de l'économie capitaliste tout en considérant ces lois comme historiques et non « absolues », « naturelles » ou « justes ». En bref : c'est le capitalisme qui considère la nature comme un don gratuit ! Dans le système capitaliste, seul le travail créé de la valeur. Mais Marx rappelait que la nature est une source de richesse, que le travail transforme, mais qui est nécessaire. Il notait que le l'organisation capitaliste a un impact qui rétroagit sur la capacité de la nature à produire les richesses nécessaires (par exemple dans l'agriculture avec l'appauvrissement des sols). Il dénonçait le fait que les bourgeois transforment des richesses naturelles communes en bien privés, les détruisant au passage[15].

Face à des économistes qui prétendaient que l'on pourrait substituer du capital aux ressources naturelles détruites, Lénine avait écrit : « Il est aussi impossible de remplacer les forces de la nature par le travail humain que des archines (mesure de longueur) par des pouds (mesure de poids) »[16].

L'hypothèse simplificatrice de la nature comme don gratuit, rejeté hors du champ de l'analyse, ne pouvait se tenir (grossièrement) qu'aux débuts du capitalisme, lorsque l'impact des activités humaines était encore modéré. Mais les économistes bourgeois eux-mêmes ont été forcés de théoriser les externalités, c'est-à-dire les effets positifs ou négatifs que les activités des entreprises peuvent avoir sur ce qui est extérieur à leur logique de profit (et les effets de l'environnement -modifié- sur d'autres entreprises).

En un sens, Marx faisait déjà des critiques du capitalisme en termes d'externalités non prises en compte. La différence avec les théoriciens modernes est principalement que ces derniers proposent diverses réformes pour aboutir à un capitalisme vert, tandis que le marxisme est une critique structurelle du capitalisme qui conclut que les problèmes ne doivent pas être traités un à un par des mécanismes ad-hoc, mais à la racine en sortant les moyens de production de la concurrence pour le profit.

2.2 Productivisme socialiste ?[modifier | modifier le wikicode]

Les fondateurs du socialisme scientifique, et au passage ceux qui s'en réclament, sont souvent taxés de "productivistes". Ils seraient prisonniers d'un certain "prométhéisme" (terme généralement utilisé pour décrire un engagement extrême en faveur de l’industrialisation, quels qu’en soient les coûts)...

2.3 Neutralité de la technique ?[modifier | modifier le wikicode]

Les premières formes de critiques « écologistes » que faisaient Marx et Engels reposaient sur l'idée que c'était l'utilisation capitaliste des techniques qui causaient problème. L'origine du problème n'était donc pas les techniques en soi, mais le cadre écologique dans lequel elles sont développées (la logique fondamentalement court termiste).

De nombreuses critiques écologistes de la deuxième moitié du 20e siècle ont développé l'idée que certaines technologies posent problème en soi, voire ont décrit une opposition entre technologie et nature, ou entre « société industrielle » et nature.

2.4 Effet anti-social des taxes écologiques ?[modifier | modifier le wikicode]

Les taxes écologiques, comme les taxes carbones, sont des taxes indirectes sur la consommation. Or, ce type de taxe est toujours une taxe qui pèse plus sur les pauvres que sur les riches. Les marxistes essaient d'adresser ce problème de différentes façons. John Bellamy Foster écrit par exemple :

« Si l’on prend en considération la gravité croissante du réchauffement climatique, il est manifeste qu’il faut agir dès à présent – si du moins on part du principe que notre planète et ses habitants valent la peine d’être sauvés. Compte tenu du système actuel, une manière efficace de réduire les émissions de gaz CO2 est d’augmenter le prix des émissions par le biais d’impôts supplémentaires. À mon avis, la proposition lancée par Hansen est de loin la meilleure qui soit. En effet, sa proposition tient également compte des intérêts de classe. Il appelle cela fee and dividend (taxe et dividende). Il s’agit d’un impôt sur les combustibles fossiles, lequel serait perçu à la source (puits de mine, port d’importation, usine de la société productrice…). Il propose que 100 % du revenu soit redistribué entre tous sous forme de dividende mensuel. En aucune manière, cela n’irait aux mains de l’État (qui est une proie bien trop facile pour les groupes d’intérêts financiers) ou des capitalistes. Comme la plupart des individus ont, par tête, une empreinte écologique plus faible que la moyenne, les dividendes reçus seraient au final plus importants que les hausses de prix appliquées par les entreprises pour compenser la taxe écologique payée à la source. Cette approche permettrait en outre au consommateur de faire des économies, en ce sens que celui qui réduit son empreinte écologique recevra un plus gros dividende mensuel. La taxe à la source serait également progressivement augmentée. Hansen a confiance en la simplicité et en la transparence de cette approche et comme la grande majorité de la population y trouvera son compte, cette proposition pourra vraisemblablement bénéficier d’un large soutien de la part du public. Un type richissime comme Al Gore qui vit dans une confortable villa (sans parler de gens comme Bill Gates plein aux as) ne recevrait pour sa part qu’un minuscule dividende en raison de sa grande empreinte écologique. Les travailleurs ordinaires, vu leur faible empreinte écologique, recevraient au contraire un gros dividende. Il s’agit donc clairement d’une mesure qui sera progressivement redistribuée, du riche vers le pauvre. »[17]

3 En savoir plus[modifier | modifier le wikicode]

Articles

  1. Friedrich Engels, Le rôle du travail dans la transition du singe à l'homme, 1876
  2. Boukharine, La théorie du matérialisme historique, 1921
  3. Daniel Tanuro, Écologie : le lourd héritage de Léon Trotski, Août 2010
  4. http://revueperiode.net/le-bolchevik-et-la-nature/
  5. Michael Löwy, « Walter Benjamin, précurseur de l’écosocialisme », Cahiers d’histoire. Revue d’histoire critique, 130 (2016)
  6. Quatrième Internationale, Ecologie et socialisme, 2003
  7. Quatrième Internationale, Le basculement climatique et nos tâches, 2010
  8. Le communisme, l'écologie et les écologistes, Cercle Léon Trotski, 1996
  9. Écologie : nature ravagée, planète menacée par le capitalisme !, Cercle Léon Trotski, 2007
  10. La décroissance : une doctrine qui prétend faire avancer la société... à reculons, Cercle Léon Trotski, 2009
  11. James O’Connor, Natural Causes: Essays in Ecological Marxism (New York: Guilford Press, 1998)
  12. John Bellamy Foster, Marx écologiste, Éditions d'Amsterdam, 2011
  13. Andreas Malm, The Progress of this Storm, Verso Books, 2017 (Traduit en français en 2023 sous le titre Avis de tempête par les éditions La fabrique).
  14. Jason W. Moore, Anthropocene or Capitalocene? Nature, History, and the Crisis of Capitalism (Oakland: PM Press, 2016)
  15. John Bellamy Foster, Brett Clark, The Paradox of Wealth: Capitalism and Ecological Destruction
  16. Lénine, La question agraire et les « critiques » de Marx, 1901
  17. Écologie et socialisme : une interview de John Bellamy Foster

Livres

  • John Bellamy Foster, Marx’s Ecology. Materialism and Nature
  • John Bellamy Foster The Ecological Revolution : Making Peace with the Planet
  • Paul Burkett, Marx and Nature