Parti communiste internationaliste (IVe Internationale)

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Le Parti communiste internationaliste était un parti français trotskiste, formé à la fin de la Seconde guerre mondiale par l’unification de trois groupes, et section officielle de la Quatrième internationale.

Il éclate en deux en 1952, entre les partisans de l’entrisme sui generis, minoritaire, et ses opposants, majoritaires. Deux PCI vont alors coexister en France, qualifiés de « PCI IVe internationale » (ou « PCI minoritaire ») et de « PCI La Vérité » (ou « PCI majoritaire »).

En 1966, le PCI majoritaire change de nom, pour prendre celui d’Organisation Communiste Internationaliste, qui reprendra le nom de PCI en 1981, avant de devenir le MPPT en 1985.

Le PCI minoritaire sera dissous en 1968, et fusionnera avec la Jeunesse Communiste Révolutionnaire pour constituer la Ligue Communiste.

1 Le PCI de 1944 à 1952[modifier | modifier le wikicode]

1.1 Situation à la Libération[modifier | modifier le wikicode]

La seconde guerre mondiale désarticule radicalement le mouvement trotskiste. La répression nazie élimine de nombreux cadres des partis européens. C’est à la fin de 1943 qu’un fragile secrétariat européen de la Quatrième Internationale est mis en place, autour de militants comme Michel Raptis (Pablo) ou Ernest Mandel.

Ce secrétariat pousse à la reconstruction de partis trotskystes unifiés dans les pays européens. En France, la réunification à lieu en février 1944, avec la fusion du Groupe Octobre, du Parti Ouvrier Internationaliste (POI) et du Comité communiste internationaliste (CCI). Le parti ainsi formé prend le nom de Parti Communiste Internationaliste. Le groupe Lutte de Classe (ancêtre de Lutte Ouvrière) refuse d’intégrer les rangs du PCI, contestant la façon dont le nouveau parti s’était unifié, gardant dans ses rangs selon lui trop de petits-bourgeois et de nationalistes.

Le PCI mène des actions, notamment en Bretagne, auprès des soldats allemands pour les convaincre de rompre avec le nazisme. Lors de la libération de la France par les anglos-américains, le PCI pousse pour la création de comités ouvriers armés, entrainant parfois des cellules du PCF dans ses actions. Il échoue néanmoins à organiser des comités inter-usines, face au PCF clandestin qui freine l’auto-organisation ouvrière.

Malgré la légalisation du PCI, permise par la fin de la seconde guerre mondiale, son journal La Vérité reste interdit jusqu’en mars 1946, notamment à cause du soutien sans faille du journal aux différentes grèves, dont la « grève Croizat » des typographes contre les mesures du ministre du travail Ambroise Croizat.

1.2 Anticolonialisme[modifier | modifier le wikicode]

Le PCI apporte son soutien aux luttes pour la libération des colonies, en tissant des liens avec le Parti du Peuple Algérien et son dirigeant Messali Hadj, et en dénonçant les atrocités de la guerre d’Indochine. Il supporte matériellement le groupe trotskyste vietnamien en France, qui organise les travailleurs des camps de volontaires et y combat l’influence du vietminh.

En 1947, le PCI atteint les 800 membres.

1.3 Élections à la Constituante[modifier | modifier le wikicode]

Le PCI décide d’apporter son soutien au oui dans le référendum constitutionnel d’octobre 1945, défendant que cette constitution apporte une amélioration sur le plan démocratique par rapport à celle de la Troisième République.

Il s’engage dans la campagne électorale pour la seconde assemblée constituante en 1946, avec onze listes départementales, qui obtinrent 45000 voix, 1,5% des suffrages.

En novembre 1946, il présente des candidats dans seize circonscriptions, et obtient 60000 voix. Yvan Craipeau, candidat en Seine et Oise Nord, rate de peu son élection, avec plus de 14000 voix en sa faveur.

1.4 Fusion manquée avec les JS[modifier | modifier le wikicode]

Les trotskystes ont depuis avant la guerre des liens avec les Jeunesses Socialistes de la SFIO. Au début de 1947, le développement de ces liens, par exemple pour garder le contrôle du réseau des auberges de jeunesses face aux militants du Parti Communiste, aboutit presque à une fusion entre les deux organisations.

Cela échoue du fait du tournant à gauche de la politique du PCF, expulsé du gouvernement et poussé vers une politique gauchiste par les premiers balbutiements de la guerre froide, créant de fait une polarisation entre SFIO et PCF, la gauche de la SFIO se tournant alors vers le PC plutôt que vers le trotskysme.

1.5 Scission de Rousset (1945-1948)[modifier | modifier le wikicode]

Une partie de l’aile droite du PCI, avec David Rousset à sa tête, tire des conclusions de ce tournant, prône la révision du programme trotskyste et la constitution d’un regroupement « large » avec d’autres organisations. Elle scissionne pour entrer dans le Rassemblement Démocratique Révolutionnaire, dont fait partie également Jean Paul-Sartre.

1.6 Scission de Castoriadis (1947)[modifier | modifier le wikicode]

A la même époque, Cornélius Castoriadis constitue dans le PCI un groupe définissant l’URSS comme une formation sociale d’un type nouveau : un capitalisme bureaucratique totalitaire et non un état ouvrier dégénéré comme le pensait Trotski. Ce groupe réfute le schéma du parti léniniste et rompt avec le PCI à l’automne 1948. Il publie par la suite la revue Socialisme ou Barbarie.

Ces scissions conduisent à une saignée militante, qui fait perdre au parti 40% de ses membres.

1.7 Scission de Craipeau (1948)[modifier | modifier le wikicode]

En 1948, la tendance d'Yvan Craipeau est exclue. Ce dernier deviendra plus tard président de la Fédération des Alpes-Maritimes du PSU, d'autres membres de cette tendance comme Jean-René Chauvin, ont rejoint le RDR et sont exclus au motif de cette double appartenance[1].

1.8 Soutien à la Yougoslavie[modifier | modifier le wikicode]

Le PCI se maintient néanmoins, et lance en 1948 une campagne de soutien à la révolution yougoslave. Celle-ci rompt à cette époque violemment avec le Kominform, entraînant des séries de procès dans le reste du bloc soviétique, rappelant les procès de Moscou. Le but du PCI est à la fois de gagner les tendances de gauche qui pourraient se dégager dans le PC, de rétablir la vérité face aux calomnies qui sont lancées contre la Yougoslavie par les partis communistes fidèled à Staline, et de dénoncer ce qui lui apparaît comme de « nouveaux procès de Moscou » dans le bloc de l’Est. Le parti met sur pied des « brigades de travail et d’enquête », envoyées en Yougoslavie afin de faire constater aux participants la réalité du pays.

L’espoir du PCI de se développer en attirant la gauche du PCF, sur la base d’un soutien à la Yougoslavie, est tué dans l’œuf au moment même du retour des brigades, en 1950, avec l’éclatement de la Guerre de Corée. La Yougoslavie s’abstient à l’ONU, permettant l’intervention américaine, et décevant ses potentiels partisans.

En mars 1950, affaibli par les scissions et le découragement, le PCI n’a plus que 253 militants.

1.9 Explosion du parti[modifier | modifier le wikicode]

En novembre 1950, Michel Raptis, dit « Pablo » présente sa stratégie d’entrisme sui generi, devant le plénum de la Quatrième Internationale. Selon lui, la guerre entre l’URSS et les USA va sûrement éclater dans peu de temps, ce qui va développer des « tendances centristes » dans les partis communistes, qu’il suffira d’appuyer. Pablo écrit que la bureaucratie russe et les partis staliniens peuvent réaliser une partie des objectifs dévolus à la Quatrième Internationale.

Cette stratégie est refusée en avril 1951 par la majorité de la direction française. Pour elle, cela anéantirait l’embryon d’implantations ouvrières que le parti a acquis, et mettrait en danger ses membres venant du PCF. Une minorité, autour de Pierre Frank, se constitue pour défendre la stratégie pabliste.

Marcel Bleibtreu, un des dirigeant de la faction majoritaire, fait paraître une réponse à Pablo, « Où va le camarade Pablo ? » où il critique ses positions. Il refuse tout rôle progressif à la bureaucratie soviétique et aux Partis Communistes inféodés au Kremlin. Avec lui, la majorité du PCI conserve l'objectif « d'organiser une avant-garde détachée des vieilles organisations, particulièrement du PCF ». Cette majorité est rejointe en juin 1951 par Pierre Boussel, dit « Lambert », impliqué dans la parution du mensuel l’Unité, qui rassemble anarcho-syndicaliste, trotskyste et socialistes.

En juillet 1951, lors du VIIe congrès du PCI la majorité - opposée au Secrétariat International - l’emporte avec 13 membres élus au comité central contre 7 à la tendance Frank. Elle décide de se constituer en tendance internationale. Le IIIe congrès mondial de la IVe Internationale se tient en août 1951. Il adopte les thèses de M. Pablo tant sur l’imminence de la guerre que sur la nécessité d'intégrer les organisations de masse qui vont se radicaliser. Les majoritaires français sont très isolés durant le congrès, mais leur opposition oblige Pablo à un compromis : il est décidé que le bureau politique du PCI et le SI mettront au point une résolution d'orientation pour la section française sur la base des travaux du congrès. Si la direction française ne suit pas la ligne du congrès, « le CEI (comité executif international) et le SI seront chargés de prendre toutes mesures organisationnelles pour redresser la situation dans le PCI ».

La situation dégénère sur la question de la politique syndicale du PCI. Le Secrétariat International insiste sur la nécessaire intégration dans la CGT et sur le travail vers les ouvriers « staliniens », qui doit passer par l’entrisme sui generis. Dans une lettre, le 12 janvier 1952 le SI précise que l’entrisme « sui generis » doit être de longue durée et clandestin. Les trotskystes doivent cacher leurs opinions et apparaître aux responsables du PCF comme des militants zélés. Si un secteur indépendant du PCI subsiste, ce ne sera que pour aider le travail entriste. Les indications de la lettre sont rejetées lors d’une réunion du comité central le 20 janvier 1952, en présence de Pablo, qui prend la décision de suspendre les membres majoritaires du comité central. En juin 1952, le 11e plenum de la Quatrième Internationale décide que « le comité central et le bureau politique issus du VIIIe Congrès du Parti seront composés d’une majorité de camarades qui, dès avant le Congrès, aurait défendu la ligne du 10e plénum (donc la stratégie de Pablo) dans le parti ».

La minorité confisque le 29 juin 1952 le matériel d’impression du PCI au nom de l’Internationale, ce qui provoque sa suspension par les majoritaires. Deux PCI, l’un lié au Secrétariat International de la Quatrième Internationale et l’autre représentant la majorité de la section française, existent désormais. La scission est consommée, et elle va se répercuter dans l'ensemble de la Quatrième Internationale.

Les deux parties continueront à s'autodésigner comme « Parti communiste internationaliste ».

2 PCI majoritaire (1952-1966)[modifier | modifier le wikicode]

2.1 Origines[modifier | modifier le wikicode]

La majorité du PCI refusait l'orientation de la Quatrième internationale sur l'entrisme sui generis. On l'appelait PCI majoritaire ou « PCI La Vérité », du nom de son journal.

Le PCI majoritaire conserve le gros des militants, toute l’implantation ouvrière du parti, le journal La Vérité ainsi que le local du parti. L’organisation de jeunesse du PCI, le Mouvement révolutionnaire de la jeunesse (MRJ) qui tient son congrès le 12 juillet 1952, se rallie massivement aux majoritaires.

Néanmoins, le parti a des problèmes d’argent, et ne peut pas faire reparaître La Vérité avant le 18 septembre.

La démoralisation des militants après une scission peu comprise fait des ravages, les cellules de Lyon et Saint-Étienne disparaissent en 1952, et l’implantation en dehors de Paris est compromise, a part dans la région nantaise.

2.2 Unité syndicale et liens avec Marty[modifier | modifier le wikicode]

Le PCI remobilise alors ses troupes sur les mots d’ordre d’unité et de démocratie syndicale.

Sur ce plan, L’Unité (journal syndical unitaire) explose en 1952, les membres réformistes de Force Ouvrière quittant la revue, laissant les trotskystes et les anarcho-syndicalistes autour d'un nouveau journal, l’Unité Syndicale.

Le PCI noue des contacts avec André Marty, isolé puis exclu du Parti Communiste Français, via l’intermédiaire de Marcel Bleibtreu. Celui-ci pense que des pans du PCF sont susceptibles de s'en détacher sur la gauche. Il commence à s’opposer à Lambert, qui veut que les militants s’attachent à affermir leurs positions syndicales, notamment dans FO.

La Vérité s’implique dans le soutien à Marty, avec la fondation de « Comité de redressement communiste » à Paris. La mort de Staline fait espérer à la direction, autour de Bleibtreu et de Lequenne, que le soutien à Marty et l’autonomisation des partis communistes européens feront apparaître de nouvelles oppositions à leur gauche qu’il serait possible d’exploiter. Marty fait échouer ces plans en rompant les contacts, déçu par le peu de membres composant le PCI, et souhaitant surtout être réintégré dans le PCF.

Cela permet à Lambert de concentrer le PCI sur l’action syndicale. L’Unité Syndicale, mise en veille faute d'argent, reparaît en juin 1953.

En novembre 1953, le PCI est forcé de dissoudre le MRJ, pour cause de manque d’activité.

2.3 Guerre d'Algérie[modifier | modifier le wikicode]

Le PCI avait conservé les liens tissés par le PCI d'avant la scission de 1952 avec Messali Hadj, important dirigeant indépendantiste algérien, et son Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques (MTLD). Les deux organisations mènent des actions communes : meetings, manifestations, publication de communiqués, lutte contre la répression qui frappe les militants nationalistes algériens…

A la base, dans les entreprises, les trotskystes coopèrent avec les travailleurs algériens du MTLD. La Vérité diffuse des lettres de prisonniers politiques algériens, et critique les organisations syndicales qui refuse d'aider la lutte pour l'indépendance.

L’insurrection de la Toussaint prend le PCI-majoritaire et le MTLD au dépourvu. Celui-ci préparait sa propre tentative d’insurrection, et est doublé par le FLN. Le 4 novembre 1954, le Conseil des ministres décide la dissolution du MTLD.

En décembre 1954, le MTLD se reconstitue, en un Mouvement National Algérien, et s'engage lui aussi dans la lutte armée.

Messali Hadj, en théorie chef de ce mouvement, est emprisonné en France. Le PCI aide à fonder le « Comité pour la libération inconditionnelle de Messali Hadj ». L'appui au MNA devient la priorité pour la direction, devant l'action syndicale, l'indépendance de l'Algérie étant conçue comme dirigé par le MNA, qui est selon le PCI un « parti prolétarien révolutionnaire »  Les militants s'improvisent porteurs de journaux et de fonds. Des comités contre la guerre et la répression sont organisés, et la Vérité revient à chaque numéro sur la « sale guerre ».

Le MNA, qui apparait comme l'ennemi principal pour les autorités françaises, attire la répression sur ses soutiens. La Fédération Communiste Libertaire est démantelée, la Vérité est saisie plusieurs fois et plusieurs membres du PCI sont interrogés. C'est ce qui mène Bleibtreu et ses alliés a le quitter, le 20 mars 1955. Bleibtreu veut soutenir le FLN, et ne souhaite pas subir plus longtemps la répression due au soutien au MNA. Ils fondent le Groupe bolchevik-léniniste, qui intégrera plus tard le PSU.

A l'été 1958, le PCI rompt avec le MNA, suite à des affaires de collaboration entre des maquis de ce mouvement et l'armée française.

2.4 Du PCI à l'OCI[modifier | modifier le wikicode]

Cette rupture, couplée avec le coup d'état de De Gaulle en mai, affaiblit encore les maigres forces du parti, qui perd ses soutiens parmi les travailleurs algériens. Il ne compte plus que 57 militants. Pour sauvegarder ce qu’il reste, la direction réorganise complément ses activités autour de La Vérité, transformée en revue en octobre 1958. Sa parution, d'hebdomadaire, passe à mensuel et son contenu se fait plus théorique. Le PCI ne mène plus d'activités politique, et ses dirigeants considèrent qu'il ne s'agit plus d'un parti.

Le champ d'action du groupe de la Vérité se recentre sur le mouvement syndical. Il aide à organiser le CLADO (Comité de liaison et d’action pour la démocratie ouvrière), fondé en 1956 sur l'initiative de Marceau Pivert, au côté des anarcho-syndicalistes de FO. Il tente de rallier le groupe Voix Ouvrière avec la création de bulletins d'usines communs. Son principal champ d'action est néanmoins le syndicat Force Ouvrière.

En 1960 le groupe relance un hebdomadaire, baptisé Informations Ouvrières, qui se transformera en journal mensuel en février 1964. Ce journal permet au groupe de sortir de l'anonymat relatif dans lequel il était confiné et de commencer à rallier des groupes de militants, de lecteurs et de sympathisants.

Le groupe de la Vérité prend également des initiatives pour bâtir un groupe étudiant, devant agir en direction des syndicats étudiants comme l'UNEF. Le Comité de Liaison des Etudiants Révolutionnaire est mis sur pied au printemps 1961, et une série de bulletins ronéotypés, Révoltes, est organisé en parallèle pour toucher les étudiants non politisés.

En décembre 1965, considérant que ses effectifs sont assez importants, se tient le congrès de fondation d'un nouveau parti, conçu comme héritier du PCI majoritaire, l’Organisation Communiste Internationaliste.

En 1966, le PCI majoritaire change de nom, pour prendre celui d’Organisation Communiste Internationaliste (OCI).

L'OCI reprendra brèvement le nom de PCI en 1981, avant de devenir le MPPT en 1985.

2.5 Le Comité International[modifier | modifier le wikicode]

Au niveau international, le PCI, d’abord isolé et refusant de construire une organisation extérieure à la Quatrième internationale, se lie avec le POR argentin de Nahuel Moreno, la section suisse de la QI, et la majorité du SWP américain. Le but est de constituer une tendance internationale, et de prendre le contrôle de la Quatrième Internationale aux pablistes au 4ème Congrès mondial.

Devant le verrouillage du Comité Exécutif International par Pablo, ce qui rend impossible ce changement de majorité, le PCI et le SWP décident de créer un Comité International, en opposition au Secrétariat International existant.

Ce comité fonctionne mal, d’abord parce que sa plus puissante section, le SWP, est soumis à la pression maccarthyste et ne peut s’impliquer à fond, ensuite parce que le SI fait pression pour une réunification sur ses conditions.

Cela aboutit en 1963 : le PCI et la Socialist Labour League anglaise restent isolés alors que le reste du comité rejoint le Secrétariat Unifié.

Les efforts du PCI vont alors se porter sur la reconstruction de l'Internationale. Une première ébauche de rassemblement internationale est réalisée en 1966, lors de la Conférence de Londres, qui rassemble outre le PCI et la SLL le Workers Party et la Spartacist League, ainsi que Voix Ouvrière.

3 PCI minoritaire (1952-1968)[modifier | modifier le wikicode]

3.1 Origines[modifier | modifier le wikicode]

La minorité d’une cinquantaine de membre, appuyée par le Secrétariat International de la Quatrième Internationale, décide d’appliquer la stratégie d’entrisme sui generis au sein de la CGT et du PCF imaginée par M. Pablo.

Le PCI minoritaire est dès sa fondation divisé sur la façon d’appliquer l’entrisme imposé par l’Internationale, et sur son but. Par exemple, la fraction autour de Michele Mestre et Mathias Corvin, très intégrée au PC, rompt au Xe Congrès du PCI en juillet 1954, car elle veut que l’entrisme serve à « redresser le PCF de l’intérieur », et saluera l’écrasement de la Hongrie en 1956, finissant par passer au maoïsme.

La politique entriste est donc appliquée, mais avec peu de succès. Le PCI minoritaire compte une cinquantaine de membres, et le PCF veille au passé de ses recrues. Le poste le plus haut placé qu’ait pu atteindre un trotskyste est celui de secrétaire de cellule. Seule des jeunes recrues non fichées comme trotskystes peuvent entrer sans problème. Le contenu politique de l’entrisme évolue également, avec l’échec des prévisions de Pablo, il ne s’agit plus d’influencer les courants centristes qui pourraient apparaître, mais de créer une fraction de gauche, radicale, pour influencer le parti de l’intérieur.

Le PCI s’engage à plein dans le soutien au FLN algérien, malgré sa faiblesse numérique, à partir de l’hiver 1954, grâce aux contacts pris par l’intermédiaire d’Yvan Craipeau. Son réseau mène diverses activités : fabrication de faux papiers, impression de tracts et de matériel de propagande pour le FLN, « caches » pour les militants recherchés par la police, fabrication d’armes et de fausse monnaie pour les nationalistes algériens. Une quinzaine de militants et militantes sont constamment affectés au soutien au FLN. Ils participent également à la construction d’une usine d’arme au Maroc, pour construire mitraillette, mortiers et grenades pour les nationalistes algériens.

1956 est un tournant. Le triple impact de l’intervention en Hongrie, du rapport Khrouchtchev et du vote pour les crédits de guerre en Algérie par le PCF vont faire émerger une opposition au sein du PCF, via des bulletins internes. Le plus important de ces bulletins est la Tribune de Discussion, fondée par deux entristes trotskystes, Félix Guattari et Denis Berger. Ces bulletins ont peu de cohérence idéologique. En Janvier 1958, La Voie communiste prend la succession de la Tribune de Discussion, sur la base d’un soutien total au FLN algérien.

Selon Lequenne, le PCI comptait 60 membres en 1956, et 142 en 1958.

Les militants trotskystes de La Voie Communiste sont expulsés du PCI à la fin de 1958, car ils désiraient faire de leur journal l’organe du PCI, au détriment de La Vérité des Travailleurs. Ils le réintégreront quand La Voie Communiste cessera de paraître, en 1962, avec la fin de la Guerre d’Algérie.

La Vérité des Travailleurs cessera sa parution à cette occasion, remplacée en Juin 1962 par L’Internationale.

Ce changement de nom a été proposé par Michel Lequenne, qui rejoint de nouveau le secrétariat international de la quatrième internationale en 1961 tout en continuant son travail entriste dans le Parti Socialiste Unifié.

Après l’indépendance de l'Algérie, le PCI, sur la ligne de la Quatrième Internationale, soutient le régime de façon critique jusqu’en 1965, envoyant des « pieds-rouge » dans le nouveau pays.

Il faut noter que des partisans de Posadas en France quittent le PCI durant l’année 1962, et fondent le Parti communiste révolutionnaire trotskyste (PCRT).

3.2 La scission Pabliste[modifier | modifier le wikicode]

Au sein de l’internationale, l’opposition entre les positions de Pablo et celles de la majorité se renforcent. Son courant se constitue en tendance interne, s’oriente vers des positions tiers-mondistes, et possède le contrôle de la commission africaine de l’internationale, avec son bulletin "Sous le drapeau du Socialisme".

La rupture avec la direction de l'Internationale est consommée en 1965, puisque les pablistes ne reconnaissent aucune légitimité politique aux décisions du Congrès Mondial qui se tient à ce moment, et ne sont d’ailleurs pas admis à y participer.

En France, ce sont tout au plus quelques dizaines de militants qu'emporte la scission (et très peu dans la jeunesse), dont les plus connus sont Michel Fiant et Gilbert Marquis.

Le PCI est obligé de changer le nom de son journal en Quatrième internationale à cause de cette scission, un certain Delleré, scissionniste, ayant conservé les droits du nom.

3.3 Le travail entriste dans l'UEC et l'interdiction[modifier | modifier le wikicode]

Si le travail entriste au sein du PCF piétine, il rencontre un certain succès dans l’Union des Etudiants Communistes (UEC).

En 1962, Alain Krivine, entré au PCI durant la Guerre d’Algérie, commence à constituer une fraction au sein de l’UEC. Cette fraction, tournée vers le soutien à la victoire de la résistance vietnamienne, et aux positions guévaristes marquées, est très critique de l'URSS et de la Chine, ainsi que de la politique du PCF. Elle finit expulsé en avril 1966, et développe alors une activité propre, bien qu’influencée par le PCI étant donné la présence de certains de ses membres parmi ses chefs.

Le travail entriste enregistre également quelques succès au sein du Parti Socialiste Unifié. Un des membres du PCI, Rodolphe Prager, est élu au comité central de ce parti.

En mai 1968, le PCI rassemble entre 150 et 250 militants. Son activité d'entrisme continue, mais des sections opérant ouvertement existent, notamment en Normandie.

Un processus de fusion avec la Jeunesse Communiste Révolutionnaire pour commence pendant Mai 68, une réunion rassemblant les deux organisations ayant été organisée le 19 mai.

Mais cette fusion n'est acté qu’après l’interdiction des deux organisations, lors du congrès fondateur de la Ligue communiste en Avril 1969.

4 Références[modifier | modifier le wikicode]

Bibliographie

  • François Moreau, Combats et débats de la IVe Internationale - Des origines à 1963, Institut International de Recherche et de Formation, 1990
  • Robert J. Alexander, International Trotskyism, 1929-1985: A Documented Analysis of the Movement, 1991
  • Sylvain Pattieu, Le « camarade » Pablo, la IVe Internationale, et la guerre d’Algérie, Revue Historique, n°619, 2001
  • Michel Lequenne, Le Trotskisme, une histoire sans fard, éd. Syllepse, 2005
  • Jean Hentzgen, Agir au sein de la classe, Les trotskystes français majoritaires de 1952 à 1955, 2006
  • Parti communiste internationaliste sur Wikipédia
  • Parcours et témoignages militants, 1945-1948 Au temps du PCI unifié

Notes

  1. Jeanne Menjoulet, Jean-René Chauvin, Centre d'histoire sociale du 20e siècle, 9 février 2012 : « En 1948, après des mois de dissensions internes, le PCI se désagrège. L’ex-majorité (Yvan Craipeau, dont Chauvin suit la tendance) pense qu’il est nécessaire de s’ouvrir aux autres courants de la gauche révolutionnaire et de construire des alliances. La référence révolutionnaire reste, mais elle n’est plus considérée comme portée par le seul mouvement trotskyste. La même année David Rousset et Jean-Paul Sartre créent le RDR (Rassemblement Démocratique Révolutionnaire). Chauvin est exclu du PCI en mars 1948 en raison de son adhésion au RDR. »