Immigration

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Immigrants européens arrivant en Argentine (v. 1880-1900)

L'immigration est le nom donné au flux d'étrangers arrivant sur le sol d'une nation.

L'immigration peut être illégale, ou autorisée, voire encouragée par l'État dans certaines périodes de croissance.

Les immigrant·es ont toujours été la cible des réactionnaires, le plus souvent avec des discours racistes.

1 En France[modifier | modifier le wikicode]

🔍 Voir : Immigration en France.

1.1 Vagues d'immigrations en France[modifier | modifier le wikicode]

La France a toujours été une terre d'immigration et d'espoir pour de nombreuses familles, notamment outre-méditérannéennes depuis la fin de la Seconde guerre mondiale.

D’abord frontalière (allemande, belge), elle s’est diversifiée à la fin du 19e siècle, et plus encore après la Première Guerre mondiale, pour répondre aux besoins de reconstruction du pays. Les immigrations italienne (communauté la plus nombreuse en 1930) et polonaise ont largement contribué à alimenter les secteurs de la mine, du bâtiment et de l’industrie sidérurgique et métallurgique.

Aux lendemains de la Seconde Guerre mondiale le paysage migratoire s’est diversifié car l’immigration italienne, moins importante que prévue, a été remplacée par une immigration de courte durée, espagnole, portugaise, yougoslave, turque, tunisienne, marocaine et, enfin, originaire des pays subsahariens. L’immigration algérienne, quant à elle, est bien plus ancienne puisqu’elle a commencé dès la fin du 19e siècle.

L’arrêt de l’immigration de travail salarié décidé par l’État en 1974 a accéléré le regroupement familial des non-Européens, peu nombreux à retourner dans leurs pays alors que les Européens bénéficiaient progressivement de la liberté de circulation, d’installation et de travail.

Aujourd’hui le paysage migratoire s’est considérablement diversifié en raison également de l’afflux de demandeurs d’asile arrivés d’Amérique latine, d’Asie et d’Afrique. De nouvelles filières migratoires (chinoise, indienne, pakistanaise) se développent, comme celles en provenance de l’Est de l’Europe, avec les immigrés qualifiés roumains et bulgares, les réfugiés tchétchènes et les migrants de transit venus de l’ex-Yougoslavie et de Roumanie – essentiellement des Roms[1].

1.2 Démagogie et mensonges de la droite[modifier | modifier le wikicode]

Pour les réactionnaires, les migrants, en particulier ceux issus du Maghreb, sont responsables de la déchéance du pays. À la radio, à la télévision, dans les journaux, en ligne, claironnent sans cesse les mêmes mensonges abrutissants.

  • Ils sont sans cesse plus nombreux.
  • Ils prennent nos emplois.
  • Ils détruisent nos valeurs "judéo-chrétiennes".
  • Ce sont des terroristes en puissance.

Face à eux, les communistes révolutionnaires leur répondent :

  • Entre 2006 et 2014, on est passé de 8,13 % d’immigrés sur la population totale à 8,92 %. Le solde migratoire, c’est-à-dire la différence entre le nombre d’entrées sur le territoire français et le nombre de sorties, a baissé, passant de 112 000 en 2006 à 33 000 en 2013. Et parmi les départs, on compte trois fois plus d’immigrés en 2013 qu’en 2006. On est donc loin des hordes d’envahisseurs évoquées par les campagnes xénophobes.[2]
  • Si la production était socialisée au lieu d'être déléguée dans les mains de quelques exploiteurs capitalistes, il y aurait largement les moyens de donner un emploi à tout le monde.
  • Les valeurs promues par l'Eglise et les intégristes religieux en général ont toujours été opposées aux convictions des marxistes.
  • Au contraire, pour nous communistes, nous ne devons pas faire d'amalgames, et considérer qu'il s'agit de futurs prolétaires qui pourront nous aider dans la lutte pour le socialisme.

2 À l'étranger[modifier | modifier le wikicode]

2.1 Japon[modifier | modifier le wikicode]

Les Japonais ont toujours été très hostiles aux migrants et fermés, car soucieux de la préservation de leurs "traditions". Cela s'explique par une conception historique de l'accueil des étrangers : si les touristes ont toujours été bien admis[3][4], il faut servir le pays ou y être d'origine afin d'y être intégré. Le nombre de migrants étant naturalisés au Japon est donc très bas : quelques dizaines, pas plus. Mais  si le Japon ne renouvelle pas sa population, il court le risque d'un vieillissement démographique qui pourrait aboutir à une grave crise des naissances d'ici à quelques décennies[5].

2.2 États-Unis[modifier | modifier le wikicode]

Les principaux flux migratoires se rendant aux États-Unis proviennent du Mexique et des îles caraibéennes (Cuba, République dominicaine...). Face à cette situation, la bourgeoisie américaine joue alors un double-jeu : d'un côté, elle ouvre de temps à autre les frontières afin de se servir des immigrés comme main-d'œuvre peu chère ; de l'autre, elle exhalte le patriotisme "grand-américain" pour justifier l'oppression des minorités et la construction d'une frontière fortifiée avec le Mexique[6]. Cette hypocrisie est revendiquée par les deux partis servant la bourgeoisie (démocrate et républicain) qui se relaient au pouvoir.

Caricature montrant le rejet des immigrés par d'anciens immigrés aux États-Unis qui y ont réussi (1893)
Migrations révolution industrielle.png

2.3 Australie[modifier | modifier le wikicode]

Il a existé une « politique de l'Australie blanche » de 1901 jusqu'en 1973, qui privilégiait ouvertement l'immigration de populations européennes blanches aux autres immigrants, notamment d'Asie de l'Est. Cette politique faisait l'objet d'un large consensus interclassiste, jusque dans les rangs du Parti travailliste australien. En 1905, le Parti socialiste du Victoria était une des rares forces politiques à s'opposer explicitement au racisme.[7]

3 Types d'immigration[modifier | modifier le wikicode]

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3.1 Asile politique[modifier | modifier le wikicode]

3.2 Économique[modifier | modifier le wikicode]

3.3 Regroupement familial[modifier | modifier le wikicode]

3.4 Catastrophes naturelles et climatiques[modifier | modifier le wikicode]

4 Positions du mouvement ouvrier[modifier | modifier le wikicode]

Très tôt, les socialistes ont reconnu que l'immigration de travailleur·ses habitués à un niveau de vie plus bas pouvait engendrer une tendance à la baisse sur les salaires dans le pays d'accueil. Kautsky écrivait par exemple en 1892 :

« Pour les ouvriers des pays qui jouissent d’une existence supérieure et de meilleures conditions de travail, où par suite l’immigration dépasse l’émigration, cet internationalisme cause de nombreux inconvénients et provoque même des dangers. Il est incontestable, en effet, que ces ouvriers qui occupent une situation élevée sont gênés dans leur lutte par la concurrence d’immigrants besogneux et sans force de résistance. »[8]


Il ajoutait que cette situation « peut envenimer les antagonismes nationaux, éveiller la haine nationale des travailleurs contre les prolétaires étrangers » mais affirmait que cela ne pouvait être que passager, l'internationalisme étant dans l'intérêt des travailleur·ses.

En tant que mouvement pour l'égalité, le socialisme a eu tendance à lutter contre le racisme. Mais malheureusement, les divisions raciales dans la société ainsi que les théories racistes traversent toute la société, dont les militant·es ouvriers et socialistes.

Aux États-Unis vers la fin du 19e siècle, le racisme est très fort[9]. Il vise notamment les travailleurs immigrés chinois et japonais, en particulier sur la côte ouest. Cela concerne y compris les syndicats de l'AFL (presque uniquement blancs) qui les considèrent comme des menaces de dumping social.[10] Le Parti socialiste d'Amérique (PSA) connut un débat houleux sur l'immigration. Le clivage traversait aussi bien la droite que la gauche du parti.[11]

Au Congrès d'Amsterdam de 1904 de la Deuxième internationale, l'états-unien Morris Hillquit défendit qu'il fallait s'opposer à l'immigration des « races arriérées ». Sa résolution fut fortement rejetée, mais fut réitérée au congrès suivant.

Au Congrès de Stuttgart de 1907, l'Internationale rejette encore massivement la résolution états-unienne. L'opposition fut si grande que les opportunistes furent en fait contraints de retirer leur résolution. A la place, le Congrès adopta une position anti-exclusion pour le mouvement ouvrier dans tous les pays. Dans le Rapport qu'il fait de ce Congrès, Lénine écrivit :

« Sur cette question [de l'immigration] également se fit jour en commission une tentative de soutenir d'étroites conceptions de corporation, d'interdire l'immigration d'ouvriers en provenance des pays arriérés (celle des coolies venus de Chine, etc.). C'est là le reflet de l'esprit "aristocratique" que l'on trouve chez les prolétaires de certains pays "civilisés" qui tirent certains avantages de leur situation privilégiée et qui sont pour cela enclins à oublier les impératifs de la solidarité de classe internationale. Mais au Congrès proprement dit, il ne se trouva pas d'apologistes de cette étroitesse petite-bourgeoise de corporation, et la résolution répond pleinement aux exigences de la social-démocratie révolutionnaire. »[12]

Beaucoup de militants furieux dans le PSA accusaient l'Internationale d'abandonner la classe ouvrière (considérant par là essentiellement les blancs). Victor Berger, en particulier, se lança dans une rhétorique contre l'invasion des "jaunes", arguant que le socialisme était seulement possible dans un pays d'hommes blancs...

En 1910, lorsque le Congrès national du PSA a tenu un débat sur l'immigration, il a explicitement soutenu que le parti devait soutenir la restriction de l'immigration raciale. Agir autrement « placerait le Parti socialiste en opposition à la partie la plus militante et la plus intelligente des travailleurs organisés aux États-Unis » - en d'autres termes, l'AFL.

Berger et ses alliés restrictionnistes (dont Max Hayes), plutôt dans la droite du parti, ont trouvé des appuis du côté de l'aile gauche. Par exemple Hermon Titus, un dirigeant de la côte ouest, a soutenu que les principes prolétariens de solidarité internationale signifiaient peu dans sa région du pays parce que l'incompatibilité raciale y était être une réalité quotidienne. Ou encore Ernest Untermann, qui refusait qu'il y ait des critères d'immigration neutres sur le plan racial, car cela risquerait potentiellement d'exclure aussi des Blancs. Et à l'inverse, il y avait des membres de la droite du PSA qui dénonçaient la position officielle du parti comme trop excluante. En particulier John Spargo, qui soulignait que sur la côte ouest, les États-uniens d'origine japonaise s'étaient avérés des syndicalistes combatifs partout où ils pouvaient adhérer à des syndicats. Dénonçant frontalement le racisme de ses adversaires, il a déclaré :

« Si le Jap est porteur d'un plus haut niveau de civilisation, s'il se met à porter la bannière socialiste là où l'homme blanc échoue, vive le Jap ; qu'il le porte en mon nom. »[11]

Eugene Debs, leader moral du parti, a condamné les restrictionnistes de gauche.

« Si le socialisme, le socialisme international, révolutionnaire, ne défend pas fermement, sans broncher et sans compromis la classe ouvrière et les masses exploitées et opprimées de tous les pays, alors il ne représente personne et sa revendication est un faux prétexte et sa profession une illusion et un piège. »[13]

Mais le parti continua majoritairement sur une position hostile à l'immigration, le tout dans un contexte où les lynchages contre les asiatiques étaient courants.

5 Notes et références[modifier | modifier le wikicode]

  1. Depuis quand la France est-elle une terre d'immigration ?
  2. L'immigration en chiffres | Lutte Ouvrière
  3. Pourquoi le Japon refuse-t-il toute immigration ? (Christophe Servan)
  4. Ce constat n'est pas absolu et a varié selon les périodes historiques.
  5. Le suicide démographique du Japon (Slate)
  6. Voir l'article de Lutte Ouvrière : Mexique - La grande migration
  7. Osborne, Graeme (1978). "A Socialist Dilemma". Labour History. p. 112. doi:10.2307/27508339. JSTOR 27508339 via Wikipedia
  8. Karl Kautsky, Le programme socialiste. V. La Lutte de classe, 1892
  9. https://en.wikipedia.org/wiki/Nadir_of_American_race_relations
  10. Nayan SHAH, White Label et « péril jaune » : race, genre et travail en Californie, fin XIXe-début XXe siècle, 1996
  11. 11,0 et 11,1 Paul Heideman, The Rise and Fall of the Socialist Party of America, Jacobin Magazine, 2017
  12. Lénine, Le Congrès socialiste international de Stuttgart, publié le 20 octobre 1907 dans le n°17 de Proletari
  13. Eugene Debs, Letter to Brewer on immigration, International Socialist Review, Vol. XI, No. 1. July 1910.