Idéologie bourgeoise

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L'idéologie bourgeoise est l'idéologie dominante qu'impose la bourgeoisie depuis son accession au pouvoir. Il est plus correct de parler d'idéologies bourgeoises, car le capitalisme étant un système instable et évoluant rapidement, la superstructure idéologique peut varier de façon assez significative pour s'adapter à l'infrastructure.

1 Fonction et autonomie[modifier | modifier le wikicode]

L'acquis fondamental du matérialisme historique est la compréhension que les constructions idéologiques prennent racines dans les conditions matérielles d'existence des sociétés et des classes sociales. Ainsi des évolutions dans la sphère économique conduisent à des évolutions des mentalités, et des révolutions technologiques entraînent des changements de paradigme.

Il est important de rappeler que pour Marx, le matérialisme est dialectique, c'est à dire que même si les évolutions politiques et idéologiques sont liées à l'économie, ce n'est pas d'une façon mécaniste, ce n'est pas un économisme. Par exemple, la bourgeoisie en pleine ascension s'est trouvée dans le protestantisme une idéologie religieuse relativement adaptée, mais il n'y a aucune fatalité liant l'un à l'autre. De même, c'est le capitalisme qui mène au risque de fascisme, mais aucune loi économique ne donnait précisément le national-socialisme. On peut considérer que la sphère des idées a une certaine évolution propre, mais que selon ses besoins, le capitalisme peut propulser l'une ou l'autre sur le devant de la scène.

2 Évolutions historiques[modifier | modifier le wikicode]

La domination idéologique de la bourgeoisie a emprunté nombre de canaux différents depuis environ le 17e siècle.

2.1 Précurseurs[modifier | modifier le wikicode]

Dans l'Espagne du 16e siècle, un groupe de théologiens et de juristes dits de l'École de Salamanque a développé des thèses comme[1] :

  • mise en avant de "droits naturels" propres à tous les humains ;
  • défense d'un objectif de droit international et d'une limitation de la violence étatique ;
  • apologie de la propriété privée comme stimulant l'économie et le bien-être général, alors que l'accumulation de richesse était réprouvée par les Ordres mendiants ;
  • apologie du prêt avec intérêt, qui était alors condamné par l'Église ;
  • préconisation de la non-intervention de l'État ;
  • réflexions sur l'argent et la valeur (théorie quantitative de l'argent).

2.2 Capitalisme marchand[modifier | modifier le wikicode]

L'essor de la bourgeoisie, d'abord commerçante, s'est accompagnée de nombreuses remises en questions de dogmes idéologiques du Moyen-Âge.

2.2.1 Liberté religieuse[modifier | modifier le wikicode]

Parmi ces bouleversement figure en premier lieu la critique de la religion catholique, qui s'est manifestée de plusieurs façons : à la fois par les attaques du rationalisme, du matérialisme (mécaniste), mais aussi par le mouvement de la Réforme protestante. Ce rejet de l'obscurantisme, qui est fortement incarné par les Lumières, n'est pas un éclair soudain dans la sphère des idées. Pour la simple et bonne raison que l'ascension bourgeoise ne s'est pas faite en opposition totale avec l'aristocratie, mais bien souvent par des fusions d'intérêts. Le cas de l'Angleterre et de l'établissement de la monarchie constitutionnelle est éclairant.

« Cromwell et le peuple anglais avaient emprunté à l'Ancien Testament le langage, les passions et les illusions nécessaires à leur révolution bourgeoise. Lorsque le véritable but fut atteint, c'est-à-dire lorsque fut réalisée la transformation bourgeoise de la société anglaise, Locke évinça Habacuc [un des prophètes, note du citeur] »[2]

Marx relevait que le grand succès que rencontre Malthus en Angleterre était purement idéologique. En effet, il ne produisait rien de nouveau sur le plan des idées, mais permettait à l'oligarchie anglaise de critiquer les aspirations égalitaires, à un moment où la Révolution française suscitait de la sympathie chez les progressistes anglais.[3]

2.2.2 Références antiques et Républicanisme[modifier | modifier le wikicode]

Au 17e et au 19e siècle, la bourgeoisie a eu en Europe de grandes tâches révolutionnaires à accomplir, et elle l'a fait en s'appuyant sur la légitimité de valeurs rendues respectables par le "marbre de l'histoire". En particulier, le républicanisme de la Révolution française a beaucoup puisé dans l'Antiquité grecque et romaine.

« Si peu héroïque que soit la société bourgeoise, l'héroïsme, l'abnégation, la terreur, la guerre civile et les guerres extérieures n'en avaient pas moins été nécessaires pour la mettre au monde. Et ses gladiateurs trouvèrent dans les traditions strictement classiques de la République romaine les idéaux et les formes d'art, les illusions dont ils avaient besoin pour se dissimuler à eux-mêmes le contenu étroitement bourgeois de leurs luttes » « la Révolution de 1789 à 1814 se drapa successivement dans le costume de la République romaine, puis dans celui de l'Empire romain, et que la révolution de 1848 ne sut rien faire de mieux que de parodier tantôt 1789, tantôt la tradition révolutionnaire de 1793 à 1795. »[2]

Au début du 19e siècle, alors l'industrialisation prend de l'ampleur, une grande partie de la bourgeoisie se détourne du républicanisme, se concentrant sur la recherche du profit. Non seulement en s'enrichissant elle perd sa combativité et son idéalisme, mais elle se retrouve en contradiction avec les aspects « sociaux » qui sont plus ou moins associés à l'idéal républicain, et se méfie du suffrage universel qui pourrait donner trop de pouvoir à la masse de plus en plus importante qu'elle exploite. La grande bourgeoisie se plaît dans les formes monarchiques de gouvernement.

Cependant le mouvement républicain reste important en France et resurgit à plusieurs occasions au cours du 19e siècle, porté par des secteurs de la petite-bourgeoisie, et de plus en plus, par le mouvement ouvrier. Progressivement, sous l'effet des luttes, le républicanisme va devenir une idée hégémonique. Même si elle a en partie dû y être poussée, la bourgeoisie va en faire son idéologie dominante, sous une forme nettement « assagie » par rapport aux grands élans de 1789. La République bourgeoise est une république promouvant davantage l'individualisme, le mythe de l'égalité des chances et de la justice impartiale, etc. Mais malgré cela, elle est une forme efficace pour véhiculer l'illusion que l'État émane du peuple et est à son service, sans distinction de caste. C'est pourquoi la forme de la République va devenir ce que la plupart des États issus de révolutions bourgeoises vont revendiquer.

2.2.3 Droit naturel[modifier | modifier le wikicode]

Une des grandes caractéristiques de la pensée bourgeoise va être de présenter la nouvelle société libérale comme naturelle par opposition aux hiérarchies féodales :

« Les économistes ont une singulière manière de procéder. Il n'y a pour eux que deux sortes d'institutions, celles de l'art et celles de la nature. Les institutions de la féodalité sont des institutions artificielles, celles de la bourgeoisie sont des institutions naturelles. Ils ressemblent en cela aux théologiens qui, eux aussi, établissent deux sortes de religions. Toute religion qui n'est pas la leur est une invention des hommes, tandis que leur propre religion est une émanation de Dieu... Ainsi il y a eu une histoire, mais il n'y en a plus. »[4]

2.2.4 Légende noire du Moyen-Âge[modifier | modifier le wikicode]

Il évident que l'essor de la bourgeoisie a apporté des progrès sur certains points (libertés individuelles notamment) par rapport au Moyen-Âge. Mais la bourgeoisie a caricaturé à outrance le Moyen-Âge, pour mieux se présenter comme classe progressiste. Cette tendance a bien sûr son origine dans le rejet du monde médiéval qui a lieu chez les penseurs de la Renaissance qui revalorisaient l'Antiquité, mais se renforce nettement au 19e siècle, parfois sous l'effet d'une mauvaise foi évidente d'auteurs bourgeois. L'image actuelle du Moyen-Âge dans le grand public est encore largement dominée par ces déformations.[5]

Par exemple, parmi les idées fausses :

  • l'idée qu'il y aurait eu des « Terreurs de l'an mille » de masse pour des raisons superstitieuses ;
  • l'idée que les gens croyaient la Terre plate ;
  • l'idée que le christianisme aurait détruit la science de l'Antiquité ;
  • l'idée que l'on pensait que les femmes n'avaient pas d'âme ;
  • l'idée qu'il y avait un droit de cuissage répandu ;
  • l'idée que l'Église interdisait les autopsies et les dissections, et freinait constamment les sciences naturelles...

Marx dénonçait d'ailleurs la tendance des bourgeois à se donner à bon compte une image de libérateurs en exagérant l'arriération médiévale, soulignant que « nos livres d'histoire [sont] imbus de préjugés bourgeois. Il est par trop commode d'être « libéral » aux dépens du moyen âge. »[6]

2.3 Capitalisme industriel[modifier | modifier le wikicode]

2.3.1 Économie politique[modifier | modifier le wikicode]

Les économistes classiques comme Bastiat ont fourni des armes idéologiques importantes pour la bourgeoisie industrielle

Le développement de la pensée économique se fait en lien étroit avec le développement du capitalisme. Ainsi, « les premiers économistes bourgeois ou savants spécialisés dans l'économie ont été des praticiens issus du haut commerce ou des hommes attachés au service de l'État. Le plus grand théoricien de la bourgeoisie, Ricardo, était un banquier très habile. »[7]

En particulier, « l'école classique » de l'économie se forme d'abord en Angleterre, pays précurseur du capitalisme marchand puis de la révolution industrielle. Au début du 19e siècle, les arguments économiques sont l'arme de guerre idéologique de la bourgeoisie dans sa lutte pour le libre-échange, contre les propriétaires fonciers. L'historien marxiste E. P. Thomson considère même que l'école classique a fait office d'idéologie de la bourgeoisie ascendante au même titre que le républicanisme en France.

La France suite. Les économistes dominants légitiment tous l'ordre capitaliste. Pour Jean-Baptiste Say : « Il serait doux de penser que la société peut soulager toutes les infortunes non méritées. Il n’est malheureusement pas permis de le croire. »[8] Pour Bastiat, la misère est un mal nécessaire : « Elle offre un salutaire spectacle à toute la partie demeurée saine des classes les moins heureuses ; elle est faite pour les remplir d’un salutaire effroi ; elle les exhorte aux vertus difficiles dont elles ont besoin pour arriver à une condition meilleure. »[9] De même pour Adolphe Blanqui, Pellegrino Rossi, Louis Wolowski, Michel Chevalier...

2.3.2 La démocratie bourgeoise[modifier | modifier le wikicode]

Dans les pays industrialisés, nous avons hérité de l'idéologie républicaine, ou de Chartes, Constitutions ou "droits fondamentaux" analogues. Cette idéologie présente les "citoyens" comme tous égaux devant un État impartial, garant du respect de la devise « liberté, égalité, fraternité ». Via le suffrage universel, ces citoyens sont censés être à la source du pouvoir et des décisions que les gouvernements prennent "au nom du peuple". C'est une vision qui nie bien sûr la division en classes aux intérêts antagoniques, et la domination de la bourgeoisie.

Dans les pays dominés par l'impérialisme, la bourgeoisie compradore tend souvent à adopter des régimes autoritaires pour mater ses classes populaires. Le mirage d'une révolution démocratique, en ne posant pas l'action du prolétariat en tant que classe comme objectif, tend alors à favoriser la récupération des mouvements de masse par des secteurs de la bourgeoisie, petite ou grande, et en fin de compte à sauvegarder le capitalisme et ses méfaits. Les revendications démocratiques ne sont bien sûr pas en opposition avec le socialisme, mais lui sont dialectiquement liées : seule une politique de "révolution permanente" peut arracher des victoires décisives pour les peuples dominés.

2.3.3 Destruction des solidarités et atomisation[modifier | modifier le wikicode]

Selon les circonstances, la bourgeoisie continue d'utiliser toutes sortes d'idéologies visant à diviser le prolétariat et à brouiller sa conscience de classe : nationalismes, régionalismes, religions...

L'atomisation des travailleurs, qui tendent à remarquer intuitivement leurs intérêts collectifs, en consommateurs, pour lesquels c'est beaucoup moins évident, est une autre pression parmi toutes celles qu'exerce l'idéologie dominante. De nombreux marxistes s'accordent à dire que la pression dans ce sens s'est accrue au cours depuis le tournant néolibéral, avec l'affaiblissement du syndicalisme, la précarisation accrue du travail et l'hypertrophie de la marchandisation.

2.4 Capitalisme contemporain[modifier | modifier le wikicode]

2.4.1 Concepts opérationnels ?[modifier | modifier le wikicode]

Certains intellectuels marxistes comme Herbert Marcuse ou Toni Negri ont cédé à une certaine vision métaphysique et, peut-être en partie, à l'image que la société bourgeoise tente de donner d'elle-même. Cela les conduit à un révisionnisme à propos du sujet révolutionnaire : selon eux le prolétariat des métropoles impérialistes serait embourgeoisé et incapable de renverser le capitalisme.

Marcuse, et d'autres à sa suite, décrit de façon très pertinente les avancées de l'idéologie bourgeoise pour édulcorer le vocabulaire et émousser les concepts aidant la pensée critique[10]. Il fait en revanche une erreur idéaliste en voyant dans ces "concepts opérationnels" (concepts qui se limitent à permettre d'agir pour la production capitaliste mais pas de la penser) un piège condamnant l'humanité. Car la lutte de classe concrète et la lutte idéologique sont dialectiquement liés, et l'affaiblissement de la pensée critique prend aussi racine dans la faiblesse des organisations de la classe travailleuse. La période qui s'ouvre au niveau mondial est sans nul doute une période pré-révolutionnaire, et il est fort probable que partant de luttes économiques et politiques plus intenses, le prolétariat international se dote à nouveau d'outils théoriques plus aiguisés.

2.4.2 Fin du positivisme ?[modifier | modifier le wikicode]

Trotski soulignait qu'entre la révolution de Février (démocratique-bourgeoise) et la révolution d'Octobre (prolétarienne), la bourgeoisie avait beaucoup changé de mentalité, sous l'effet indirect de la lutte des classes qui sape ses espoirs :

« Les quartiers de la bourgeoisie libérale se sont rapprochés plus étroitement de l'aristocratie. (...) Le mysticisme éclate avec une force très vive dans des milieux qui, peu de temps encore auparavant, raillaient les superstitions de la monarchie. »[11]

Plus généralement, pour certains, l'idéologie bourgeoise serait passée globalement d'une forte estime pour la science (pouvant aller jusqu'au positivisme) à un désenchantement, voire une remise en cause de l'idée de progrès.

« Cet idéalisme de nombreux mathématiciens contemporains pour qui la science semble n'être plus qu'une sorte de jeu, Colman en voit la cause, en dernière analyse, dans le recul général de l'idéologie bourgeoise, qui, de progressive au début du siècle dernier, est devenue peu à peu réactionnaire par crainte du prolétariat et ironise maintenant sur la science et sur le progrès... »[12]

Ce type de vision va de pair avec l'idée de pourrissement du capitalisme, qui serait un stade terminal.

Cependant beaucoup d'autres marxistes rejettent l'idée de limite objective au capitalisme, qui serait plutôt traversé de phases de croissance et de crise pouvant le régénérer, au prix de régressions barbares. Dans cette perspective, les idéologies dépendent plus de la période au sein de ces cycles que d'une "ère" absolue.

2.4.3 « Valeur travail »[modifier | modifier le wikicode]

La « valeur travail » est aussi utilisée dans sens moraliste, depuis longtemps par certains religieux (« tu gagneras ton pain à la sueur de ton front ») au service de l'ordre établi et des classes dominantes. Ceci a parfaitement été repris par les moralistes bourgeois de droite (« travailler plus pour gagner plus »).

2.4.4 « Assistanat »[modifier | modifier le wikicode]

Collection de complaintes de bourgeois sur le thème « Plus personne ne veut travailler ! »

Une des grandes passions de la bourgeoisie, c'est de distiller des paroles venimeuses à l'encontre des travailleur·ses au chômage. Ce seraient des paresseux·ses, de gens qui refusent de travailler, qui profitent de la charité ou des aides publiques...

Il est intéressant de noter qu'aux États-Unis, selon des sondages de 2022, 72% répondent que l'on ne dépense pas assez pour « l'assistance aux pauvres », mais seulement 29% répondent que l'on ne dépense pas assez « pour l'État providence » (welfare).[13] Cela montre à quel point l'idéologie dominante aux États-Unis a réussi à délégitimer les mécanismes de solidarité au profit de la seule charité.

2.4.5 « Prise de risques »[modifier | modifier le wikicode]

Les politiciens libéraux et de droite aiment beaucoup valoriser les entrepreneurs comme des gens ayant le goût du risque. En réalité, les risques physiques sont surtout supportés par les salarié·es qu'ils exploitent (les accidents du travail touchent plus les ouvriers que les capitalistes...). Même en termes de risques psychologiques, les dépressions et les suicides touchent beaucoup les classes exploitées. Même dans les cas où les entrepreneurs échouent complètement, il est extrêmement rare qu'ils se retrouvent dans la pauvreté.[14]

2.4.6 Méritocratie[modifier | modifier le wikicode]

Finalement, l'idée centrale qui synthétise celles d'assistanat, de valeur travail, de prise de risques... est celle de méritocratie. C'est l'idée que grâce aux lois du marché et de la concurrence, les plus méritants se voient récompensés par de gros revenus.

Il y a consensus dans la sociologie sur le fait que cette méritocratie est un mythe, et que pour l'essentiel, les élites comme les prolétaires subissent des mécanismes très puissants de reproduction sociale. Les discours de droite sur la méritocratie sont en quelque sorte une position aussi anti-scientifique dans le domaine des sciences humaines que le climato-scepticisme dans le domaine des sciences naturelles.

2.4.7 Sous-représentation dans la culture[modifier | modifier le wikicode]

Les films dans lesquels des ouvriers apparaissent comme protagonistes notables représentent à peine 1% de la production cinématographique globale.[15]

3 Vecteurs[modifier | modifier le wikicode]

Les vecteurs de ces idéologies sont potentiellement n'importe quel vecteur imaginable : les médias (chaînes de télévision, journaux...), l'éducation, même les jeux vidéos[16]... Mais ces vecteurs peuvent aussi être porteurs de critiques à l'encontre de cette idéologie.

4 Mécanismes[modifier | modifier le wikicode]

Par quels moyens les idéologies bourgeoises se diffusent-elles et restent-elles hégémoniques ? Il ne s'agit pas d'un grand complot, ne serait-ce que parce que les bourgeois ne sont pas tous d'accord entre eux et qu'ils y a plusieurs variantes d'idéologies bourgeoises.

La domination de la bourgeoisie a pu être assurée sous divers régimes dictatoriaux, donc derrière des idéologies monarchistes, militaristes, fascistes... Ces régimes insistent surtout sur de forts « liens identitaires » permettant de combattre toute velléité de lutte des classes (race, nation, famille, religion...).

Mais la domination de la bourgeoisie se marie aussi très bien avec un système « démocratique », à condition que l'économie du pays en question soit suffisamment dynamique pour s'assurer assez de soutiens (secteurs significatifs de la petite-bourgeoisie, de l'aristocratie ouvrière...). Dans ce cas, les capitalistes arrivent à s'assurer que les politiques restent globalement à leur faveur, par de nombreux mécanismes :

Il existe bien sûr tout une zone grise entre dictatures et démocraties, et beaucoup de dictatures se prétendent des démocraties. En tendance, plus une économie capitaliste est dynamique, moins elle a besoin de recourir à la force pour réprimer, ou aux formes illégales de corruption.

A l'échelle mondiale et historique, c'est d'ailleurs le dynamisme du capitalisme qui est le principal facteur explicatif de la force de l'idéologie bourgeoise, bien plus que les facteurs directement « intentionnels ». Il y a de nombreux conflit d’intérêts chez les économistes dominants.[17] Cependant la plupart de ces économistes n'ont pas besoin de recevoir de l'argent du patronat pour être convaincus que « le marché » est une forme d'économie supérieure (même la majorité des « économistes hétérodoxes », keynésiens ou autres, raisonnement dans le cadre d'un marché).

A l'inverse, le capitalisme en crise engendre des tendances autoritaires parmi le personnel politique, qui reflètent leur besoin d'avoir recours à des idéologies moins « libérales » pour maintenir leur popularité.

5 Notes et sources[modifier | modifier le wikicode]

  1. http://fr.wikipedia.org/wiki/École_de_Salamanque
  2. 2,0 et 2,1 Karl Marx, Le 18 brumaire de L. Bonaparte, 1851
  3. Karl Marx, Le Capital, Livre I, Chapitre XXV : Loi générale de l’accumulation capitaliste, I., 1867
  4. Karl Marx, Misère de la philosophie, 1847
  5. Jacques Heers, Le Moyen Âge, une imposture, Paris, Tempus, 2008, 2e éd., 358 p. (ISBN 978-2-262-02943-2).
  6. Karl Marx, Le Capital, Livre I, Chapitre XXVII
  7. Nikolaï Boukharine, La théorie du matérialisme historique, 1921
  8. Jean-Baptiste Say, Cours d’économie politique (1828-1829)
  9. Frédéric Bastiat, Les harmonies économiques, 1850
  10. Voir par exemple Franck Lepage et la SCOP Le Pavé : Dictionnaire Collectif de la Langue de Bois et des concepts opérationnels
  11. Léon Trotski, Histoire de la révolution russe - 45. La prise de la capitale, 1930
  12. Les grands courants de la pensée mathématique, 1948, p. 384.
  13. General Social Survey, NORC, University of Chicago
  14. Frustration Magazine, Désintox, « Prendre des risques » : ce sont ceux qui en prennent le moins qui en parlent le plus, Octobre 2020
  15. TSIKOUNAS Myriam, « Michel Cadé, L'Écran bleu. La représentation des ouvriers dans le cinéma français, Perpignan, Presses Universitaires de Perpignan (coll. « Études »), 2000, 271 p., 140 F. », Revue d’histoire moderne & contemporaine, 2000/4 (no 47-4), p. 861-866
  16. NPA, Jeu vidéo et anticapitalisme, 2014
  17. Sophie Coignard et Romain Gubert, « Quand les économistes perdent le sens commun : Les forts en chiffres ne sont pas aussi indépendants qu’ils le disent… », Le Point, (consulté le 24 février 2017).