Gauche communiste

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Gauche communiste est une expression qui regroupe des courants politiques se revendiquant du marxisme.

Cette appellation réunit des courants politiques très différents, la majorité s'opposant à Lénine (le communisme de conseils, le luxemburgisme, les situationnistes, etc.), certains se revendiquant d’une vision « plus partidiste » (courant critique issu de la Troisième Internationale, dès le début des années 1920 : essentiellement la Gauche communiste italienne — cette dernière tradition se reconnaît principalement dans les deux premiers congrès de l'Internationale communiste alors que le trotskisme se réclame de ses quatre premiers congrès). On parle souvent « d'ultra-gauche ».

La gauche communiste est surtout représentée dans les pays d'Europe de l'Ouest et en Amérique du Nord.

1 Positions[modifier | modifier le wikicode]

Les différents courants étant rattachés à la Gauche communiste ont des analyses différentes de la révolution russe de 1917, mais tous ont un point de vue très critique quant à son développement ultérieur, considérant notamment l'URSS comme un capitalisme d'État. Et sur la politique à mener pour faire la révolution dans les pays capitalistes, ils considèrent que la majorité léniniste n'est pas assez révolutionnaire (ils refusent la participation aux syndicats de masse, la participation aux parlements...).

Les communistes de gauches considèrent en particulier qu'il y a eu un « tournant à droite » de l'Internationale communiste en 1921, avec la tactique du Front unique, qu'ils rejettent, avec l’accord commercial anglo-russe, l’écrasement de Kronstadt, l’échec de l’Action de mars en Allemagne et la mise en œuvre de la NEP).

Lénine polémique avec ce courant dans son livre La Maladie infantile du communisme (le « gauchisme »). Herman Gorter, répondra à Lénine en 1920 dans une lettre ouverte. Un de ses arguments pour s'opposer à la transposition des tactiques du bolchévisme en Europe occidentale est qu'en Russie la classe ouvrière pouvait s’allier avec la paysannerie tandis qu'en Europe le prolétariat menait seul la lutte.

L'opposition des gauches communistes au sein de l'IC est donc antérieure à celle de l'Opposition de gauche trotskiste qui prendra naissance dans la deuxième moitié des années 1920. Cette critique est par ailleurs plus radicale que celle menée par d'autres fractions comme les « Décistes » (Sapronov) ou l'« Opposition ouvrière » au sein du parti russe, faction interdite par la direction du parti en 1921, comme toutes les autres. Le Groupe ouvrier du Parti communiste russe de Miasnikov, lui, rejoint les positions de la Gauche communiste allemande dès 1923.

Les trotskistes considèrent généralement ces courants comme « gauchistes », à la suite de Lénine. A l'inverse, aujourd'hui, de nombreux groupes de la gauche communiste caractérisent les partis trotskistes comme « l'aile gauche du capital ».

2 Courants[modifier | modifier le wikicode]

Les différents courants de la Gauche communiste sont :

Les fractions de gauche de l'IC qui sont les plus connues sont la Gauche italienne avec entre autres Bordiga, la Gauche germano-hollandaise dont Anton Pannekoek et Herman Gorter sont les représentants les plus réputés, et la Gauche communiste russe de Gavril Miasnikov, etc. Ces fractions sont les plus connues car elles ont eu un véritable apport théorique et politique dès les années 1920 et 1930.

Au début des années 1920, la Gauche germano-hollandaise organise des secteurs non négligeables d'ouvriers, ce qui est généralement expliqué par les léninistes par un contrecoup gauchiste suite à l'immense trahison opportuniste de la social-démocratie allemande. Mais à la fin des années 1920, la Gauche germano-hollandaise s’est scindée en petits groupuscules et n'est plus revenue à une échelle de masse depuis.

Les groupes des autres pays se rattachent globalement à ces principaux courants. Certains groupes comme la Gauche communiste de France de 1945 ou plus tard le Courant communiste international ont tenté de faire une synthèse des différentes Gauches communistes.

Pour des raisons historiques (écrasement par le fascisme), l’héritage de la gauche communiste des années 1920 va se transporter en France (où il a plus de résonance aujourd'hui qu’aux Pays-Bas, en Allemagne ou en Italie). Après avoir fui les régimes totalitaires de l’entre-deux guerres, de nombreux militants trouvèrent refuge en France. Même après 1940 et l’occupation nazie, ils trouvèrent le moyen de rejoindre la zone libre (et Marseille en particulier) où ils se rassemblèrent avant, pour certains du moins, de rejoindre les États-Unis et le Mexique jusqu’en 1945. Dans ce milieu se retrouvaient des trotskystes, anarchistes, bordiguistes et conseillistes (particulièrement au sein de la Gauche communiste de France et des Revolutionäre Kommunisten Deutschlands [RKD, Communistes révolutionnaires d’Allemagne] un groupe majoritairement composé d’exilés vivant en France).

3 Bibliographie[modifier | modifier le wikicode]

3.1 Ouvrages[modifier | modifier le wikicode]

  • Herman Gorter, Réponse à Lénine sur la maladie infantile du communisme, éditions Spartacus, Paris, 1920
  • Michel Roger, La gauche communiste belge (1921-1970), Paris, 2005.
  • Michel Roger, Les années terribles (1926-1945), La gauche italienne dans l'émigration , éditions Ni patrie ni frontières, Paris, 2012.
  • Michel Roger, L'enfer continue, la Gauche communiste de France (1942-1953), éditions Ni patrie ni frontières, Paris, 2013
  • Michel Roger, La gauche bolchevik et le pouvoir ouvrier (1919-1927), 2ème édition, 2012, Paris
  • Michel Roger, Le groupe ouvrier du parti communiste russe (1922-1937), 2ème édition, 2013, Paris
  • Michel Roger, Envers et contre tout, de l'Opposition de gauche à l'Union communiste (1924-1939), éditions Ni patrie ni frontières, Paris, 2017
  • Philippe Bourrinet, La Gauche communiste germano-hollandaise des origines à 1968, Thèse soutenue le 22 mars 1968 à la Sorbonne
  • The Dutch and German Communist Left, 1900-1968, Brill, Leyde (texte préédité, 2008, environ 500 p.)
  • Pierre Lanneret, alias Camille : Les internationalistes du troisième camp en France pendant la Seconde guerre mondiale Éditions Acratie, Décembre 1995, 80p.
  • Christophe Bourseiller, Histoire générale de l’ultra-gauche, Paris, Denoël, 2003 (Texte vivement critiqué par les communistes de gauche[3])

3.2 Sites internet[modifier | modifier le wikicode]

4 Notes[modifier | modifier le wikicode]