Aristocratie financière

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L'aristocratie financière est un terme que Marx utilise pour décrire la classe qui dirigeait la Monarchie de juillet (1830-1848) en France.

1 Description[modifier | modifier le wikicode]

Marx emploie cette expression dans Les luttes de classes en France, ouvrage qu'il écrit en 1850 pour analyser la révolution de 1848 :

« Après la révolution de juillet 1830, (…) Laffitte laissa échapper ce mot  : “Désormais, ce sera le règne des banquiers.” (…) Ce n’est pas la bourgeoisie française qui régnait sous Louis-Philippe, mais seulement une fraction de celle-ci (…) : l’aristocratie financière. »

Par cette expression, il désignait les "rois de la bourse" et autres "magnats des chemins de fer". Contrairement à l'aristocratie nobiliaire classique, cette couche ne tire pas son pouvoir d'une lignée, mais des banques ou des grands monopoles.

Du point de vue de l'idéologie dominante de l'époque, Marx écrivait :

« Du fait que l’aristocratie financière dictait les lois, dirigeait la gestion de l'État, disposait de tous les pouvoirs publics constitués, dominait l’opinion publique dans les faits et par la presse, se reproduisaient dans toutes les sphères, depuis la cour jusqu’au café borgne, la même prostitution, la même tromperie éhontée, la même soif de s’enrichir, non point par la production, mais par l’escamotage de la richesse d’autrui.»

2 L'effet de 1848[modifier | modifier le wikicode]

Sous la Monarchie de juillet, seule cette aristocratie financière détenait le pouvoir, et le suffrage était censitaire. Cela donnait l'impression que l'ensemble des autres classes (paysans, ouvriers, bourgeoisie industrielle et petite-bourgeoisie) avaient un intérêt commun face à elle, intérêt qui s’exprimait dans la revendication de la République et le suffrage universel. La révolution de 1848 a donc été un soulèvement populaire unitaire... jusqu'à ce que la bourgeoisie réprime dans le sang en juin les ouvriers qui réclamaient la République sociale. Cette répression, qui a été dirigée par les représentants (bourgeois) du "peuple", élus au suffrage universel, a été le marqueur de la rupture entre mouvement ouvrier et mouvement bourgeois-républicain.

C'est pourquoi Marx considérait dans Les luttes de classes en France que la révolution de 1848 a été une défaite, mais en même temps une condition nécessaire à l'émergence de la conscience de classe.

3 Après 1848[modifier | modifier le wikicode]

Cette couche sociale ne disparaît bien sûr pas sous la courte Deuxième République et encore moins sous le Second Empire, où elle se porte très bien.

Sous la Troisième République (1870-1940), elle est encore une puissance bien identifiable. Paul Lafargue soutenait par exemple en 1882 que les chemins de fers privés étaient une source fondamentale de rente pour la féodalité financière, et que le gouvernement se plait à ses volontés malgré le fait que cela ponctionne les profits de l'industrie et de l'agriculture.[1]

4 Analogies avec le présent ?[modifier | modifier le wikicode]

Un certain nombre de commentateurs font l'analogie entre cette époque et la société actuelle, mais ils mettent souvent cette analogie au service d'une dénonciation centrée sur "la finance", en opposition implicite avec un capitalisme industriel et entrepreneurial.[2][3]

5 Notes et sources[modifier | modifier le wikicode]