Andreu Nin

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Andreu Nin, Andreu Nin i Pérez, ou Andrés Nin (né à El Vendrell, Province de Tarragone, le 4 février 1892 ; mort assassiné à Alcalá de Henares le 20 juin 1937) était un révolutionnaire espagnol.

Biographie[modifier | modifier le wikicode]

Né dans une famille pauvre (son père était cordonnier et sa mère paysanne), Nin part vivre à Barcelone peu avant la Première Guerre mondiale. Il enseigne quelque temps dans une école laïque et libertaire, avant de se consacrer au journalisme et à la politique.

L'année 1917 est une année clé de sa vie. Des événements comme la grève générale d'août, la révolution russe ou encore les luttes entre le patronat barcelonais et les syndicats, principalement la CNT, le marquent profondément. Si, dans un premier temps, il entre dans les rangs du PSOE, il embrasse rapidement la cause du syndicalisme révolutionnaire et rejoint la CNT. Après avoir assisté au second congrès de cette organisation, en 1919, au cours duquel il défend le principe de l'intégration dans la Troisième Internationale, il devient secrétaire du Comité National de la CNT, remplaçant Evalio Boal victime d'un assassinat.

En 1921, lors d'une session plénière clandestine de la CNT, Il est élu délégué pour assister au troisième congrès de la Troisième Internationale et au congrès fondateur de l'Internationale Syndicale Rouge. Il va devenir un personnage clé de ces deux internationales, alors que la CNT quitte la Troisième Internationale dès 1922.

À partir de 1921, il vit à Moscou, appartenant pendant un temps à l'équipe de Trotski. À partir de 1926, il fait partie de l'Opposition de gauche dirigée par Trotski pour contrer l'ascension de Staline à l'intérieur du Parti communiste de l'Union soviétique, et doit quitter l'Union soviétique en 1930.

Après son retour en Espagne, Nin joue un rôle essentiel dans la formation, en mai 1931, d'une organisation d'orientation bolchévique-léniniste, l'ICE : Izquierda Communista de España (Gauche Communiste Espagnole), affiliée à l'Opposition Internationale de Gauche, mais de taille modeste et très isolée. À cette époque, Nin a un certain nombre de désaccords avec Trotski, en particulier lorsque celui-ci lui conseille de fusionner ce parti avec les Jeunesses Socialistes du PSOE afin d'augmenter les forces à sa disposition.

Nin finit par rompre avec Trotski et fusionne son groupe avec le BOC (Bloc Obrer i Camperol : Bloc Ouvrier et Paysan), dirigé par Joaquín Maurín, pour former le POUM (Parti ouvrier d'unification marxiste) en 1935.

Après la victoire électorale du Front populaire espagnol et le début de la guerre civile, il devient conseiller de justice de la Generalitat de Catalogne, récemment constituée, jusqu'à ce que ce poste lui soit retiré en raison des pressions staliniennes (PCE, PSUC).

Finalement, les tensions antitrotskistes étant devenues plus lourdes, et à la suite des évènements de mai 1937 à Barcelone, au cours desquels la CNT et le POUM se sont affrontés aux staliniens, Nin, dénoncé par André Marty, est arrêté par la police politique. Transféré à Valence, puis à Madrid, il est torturé et finalement assassiné le 20 juin 1937 à Alcalá de Henares, sous les ordres du général Orlov. La vérité sur cet épisode n'a été découverte qu'au début des années 1990, avec l'ouverture des archives du KGB. Ces archives, récemment utilisées par José María Zavala dans son livre En busca de Andreu Nin (À la recherche d'Andreu Nin), montrent que le général Orlov agissait lui-même sous les ordres de Staline. Des militants du POUM, à la suite de la censure de leur presse avaient posé sur les murs de Barcelone la question « Où est Nin ? », à laquelle les staliniens répondaient à l'époque que Nin avait été libéré par ses « amis » de la Gestapo et se trouvait « soit à Salamanque, soit à Berlin ».

Une plaque commémorative sur les Ramblas de Barcelone, près de la place de Catalogne, rappelle le lieu où Andreu Nin fut vu par ses camarades pour la dernière fois.